Alibaba a fait ses débuts historiques tambour battant à Wall Street vendredi, avec un envol de l'action confirmant l'euphorie autour de ce géant de la distribution en ligne, marqueur de l'économie chinoise.

C'est sous les acclamations des courtiers vers 11 h 56 sur le plancher du New York Stock Exchange (NYSE), que le titre [[|ticker sym='BABA'|]] est apparu officiellement pour la première fois sur les écrans boursiers, affichant un bond de 37 % à 92,70 dollars comparé aux 68 dollars annoncés jeudi soir comme prix d'introduction.

L'ascension a continué pendant plusieurs minutes, l'action frôlant même le cap symbolique des 100 dollars à 99,70 dollars avant de reculer.

Elle s'échangeait à 92,41 dollars vers 14 h 40 pour une capitalisation boursière aux alentours des 228 milliards de dollars, soit au-dessus de Facebook (200,8 milliards de dollars) et Amazon (153,3 milliards).

À l'inverse de Facebook il y a deux ans, le baptême boursier du mastodonte chinois de la distribution en ligne se déroulait sans problème technique majeur.

«Je suis très honoré et enthousiasmé», a déclaré le fondateur Jack Ma sur la chaîne de télévision CNBC. Grâce à cette opération, il est devenu l'homme le plus riche de Chine avec une fortune estimée à plus de 17 milliards de dollars, d'après le site Forbes.

Alibaba avait annoncé la veille avoir levé 25,02 milliards de dollars auprès des investisseurs au prix de 68 dollars par action, soit le haut de la fourchette de 66-68 dollars qu'il visait pour son entrée en Bourse.

Cette somme lui permet d'effacer le record détenu par un autre groupe chinois, AGBank, qui avait levé 22,1 milliards de dollars en 2010 à Hong Kong et Shanghai, selon le cabinet de recherche Dealogic.

Le géant du commerce en ligne a cédé au total 368 millions de titres (certificats de dépôts puisqu'il s'agit d'un groupe étranger): dans un premier temps 320 millions avaient été vendus et 48 millions d'actions supplémentaires l'ont été sans surprise vendredi avant le début de la cotation.

Le géant de la distribution en ligne donne aux investisseurs l'occasion de saisir une part du gâteau de l'énorme marché chinois, explique la banque Cantor Fitzgerald.

D'autres ne veulent pas rater le train d'un nouveau Google ou Facebook, selon les analystes.

«Alibaba est appelé à devenir à terme le plus grand distributeur en ligne du monde», résume Cantor Fiztgerald.

Le groupe chinois a enregistré un bénéfice net de près de 2 milliards de dollars (presque triplé sur un an) pour un chiffre d'affaires de 2,5 milliards (+46 %) sur son trimestre clos en juin.

«Faites-nous confiance» 

M. Ma a reçu un accueil de rock star vendredi. Tout l'état-major de la plateforme boursière NYSE était là pour l'accueillir vers 7 h 30.

Veste noire sur une chemise bleue, grand sourire, c'est du célèbre parquet de Wall Street qu'il a assisté vers 9 h 30 à la sonnerie de la cloche - qui marque l'ouverture de la séance boursière - par huit clients d'Alibaba.

La scène était retransmise en direct sur toutes les chaînes de télévision financières américaines où présentateurs et commentateurs multipliaient les superlatifs et s'extasiaient sur son histoire personnelle.

Il faut dire qu'il a fondé Alibaba en 1999 avec seulement un prêt de 60 000 dollars.

«La Chine vient en Amérique», a titré CNBC, résumant le ton au sein de la communauté financière en ce jour historique qui éclipse les premiers pas boursiers des fleurons américains Twitter et Facebook.

«Faites-nous confiance», a demandé Jack Ma en référence aux critiques sur le manque de transparence et les doutes sur la gouvernance entourant le groupe.

Environ 1700 investisseurs à travers le monde ont demandé à acheter des titres Alibaba et un peu moins de la moitié seulement ont vu leur requête satisfaite, confient à l'AFP des sources bancaires. La plus grande partie des heureux élus vient des États-Unis, ont-elles ajouté.

Pour Qing Wang, professeur à l'école de management britannique Warwick, l'entrée en Bourse d'Alibaba est un «tournant» qui «pourrait mettre fin à la domination des États-Unis» dans le secteur technologique.

Virtuellement inconnu hors de ses terres, Alibaba, qui compte quelque 20 000 employés, se taille la part du lion en Chine sur le marché des transactions de particulier à particulier en ligne, qu'il contrôle à 90 % avec sa plateforme Taobao (500 millions d'usagers).

Outre M. Ma (entre 860 millions et 1 milliard de dollars), les autres grands bénéficiaires de l'opération sont les groupes japonais SoftBank, premier actionnaire d'Alibaba avec 34 % du capital, et le portail internet Yahoo! (22,4 %), qui va empocher jusqu'à 9,5 milliards de dollars pour la cession d'un peu plus de 7 % de sa participation.