Les actionnaires actuels de Tim Hortons comme de Burger King ont de quoi se réjouir avec un gain inespéré de l'ordre de 27% pour les premiers et de 15% pour les seconds, ces derniers jours. Mais y a-t-il encore de l'argent à faire pour les investisseurs avec la nouvelle compagnie qui résultera de la fusion?

En Bourse hier, les titres des deux chaînes se sont ajustés aux prix sur la table. Les actions du fournisseur de beignes et de cafés préféré des Canadiens se sont établies à 88,71$, soit non loin de l'offre de 65,50$ en liquide plus 0,8025 action de Burger King Worldwide. Pour sa part, l'action BKW a reculé de 4,3%, à 31$US.

Les gros actionnaires des deux chaînes ont déjà maximisé la valeur de leur investissement en créant l'un des plus importants groupes de restauration rapide dans le monde. Tim a plus que triplé de valeur depuis son retour à la cote de la Bourse de Toronto en 2006. Pour sa part, le King a plus que doublé de prix depuis son inscription à la Bourse de New York il y a deux ans seulement.

En deux jours seulement, l'actionnaire majoritaire de la chaîne américaine, la firme d'investissement brésilienne 3G Capital, réalise une plus-value de près de 1 milliard US. L'actionnaire militant Bill Ackman fait, quant à lui, 150 millions US de profits sur son placement. Étrange tout de même que M. Ackman, qui avait manoeuvré pour retirer Tim Hortons de la famille Wendy's en 2006, participe aujourd'hui à son remariage avec le roi du burger.

Des ratios inquiétants

Pour l'investisseur en quête d'un placement à long terme, le plateau-repas paraît moins intéressant. La firme Jarislowsky Fraser, troisième actionnaire de Tim Hortons avec 4,9% des parts, aime la transaction, mais s'inquiète du niveau élevé d'endettement et du manque de visibilité des coûts et revenus. «L'offre est intéressante, mais il y a des points avec lesquels nous ne sommes pas confortables», a commenté Charles Nadim, gestionnaire des actions canadiennes. La firme montréalaise veut rencontrer la direction de 3G pour discuter de son plan d'affaires.

L'analyste Asya Abramyan, de BMO Marchés des capitaux, croit que l'agence de notation de crédit DBRS va placer la cote de Tim Hortons en observation dans une perspective de baisse. Une décote pourrait contraindre la chaîne d'Oakville à racheter à prime ses obligations.

L'analyste Perry Caicco, de la CIBC, observe également que le nouveau géant de la restauration rapide devra supporter 12,1 milliards US de dettes nettes pour des bénéfices d'exploitation de 1,6 milliard US. «C'est un ratio d'endettement bien plus élevé que ce que les investisseurs institutionnels canadiens ont connu pour une entreprise de produits de consommation», note l'expert.

Perry Caicco croit cependant que les investisseurs pourraient être rassurés par l'impressionnante feuille de route de 3G dans la gestion des grandes marques et du fait que le président de Tim Hortons, Marc Caira, garde un rôle important dans le groupe.

Il faudra effectivement une grande confiance pour justifier des multiples boursiers de l'ordre de 40 fois les profits courus ou même la valeur comptable, actuellement, pour la chaîne américaine. Le titre de l'associé canadien paraît aussi extrêmement cher avec des multiples d'environ 30 fois pour ces 2 mêmes critères.

LA RECOMMANDATION

Le milliardaire Warren Buffett, qui sait reconnaître une bonne affaire, s'est assuré d'un rendement de 9% pour ses 3 milliards US d'actions privilégiées dans la coentreprise issue de la fusion de Burger King et Tim Hortons. Il avait obtenu le même alléchant taux pour son coup de main à l'achat du fabricant de ketchup Heinz l'an dernier. «C'est un bon développement pour Berkshire Hathaway», a commenté Tom Russo, de la firme Gardner Russo&Gardner. Pour les intéressés, les actions de la société de M. Buffett se transigent suivant un multiple de 16 fois seulement les bénéfices courus, 2 fois moins que pour le nouveau Burger King.