Petite révolution dans le marché des métaux précieux. Un nouveau mécanisme plus transparent de fixation du prix de l'argent entre en vigueur à Londres, demain, mettant fin au système fermé qui a prévalu pendant 117 ans. En cas de succès, il pourrait être rapidement adopté pour l'or, dont la modernisation se fait attendre malgré les scandales de manipulation de cours.

Le nouveau système de «fixing» du métal blanc est piloté par la firme Thomson Reuters et la Bourse de Chicago. La plateforme électronique canalisera les ordres d'achat et de vente de la plupart des établissements financiers agissant déjà sur le marché au comptant. Autre nouveauté: une publication quotidienne des volumes est prévue.

Le prix officiel pour l'argent sur la place britannique était jusqu'ici déterminé, matin et soir, par seulement trois acteurs (l'allemande Deutsche Bank, le conglomérat sino-britannique HSBC et notre Banque Scotia) à l'issue d'une simple conférence téléphonique. Cette pratique, qui a duré plus d'un siècle, a suscité de nombreuses controverses et des soupçons de manipulation de cours au détriment des producteurs. Le retrait du partenaire de Francfort en début d'année a, semble-t-il, précipité le passage à l'ère électronique.

«En ce qui a trait au fixing, rien et tout va changer. Tous les contrats avec le London PM fix devront être changés. J'ose espérer que le nouveau benchmark, quel qu'il soit, sera adopté universellement», commentait Pierre Lassonde, président du conseil de Franco-Nevada et membre du C.A. du Conseil mondial de l'or, dans La Presse Affaires, le mois dernier. Plusieurs contrats à terme pouvant impliquer des fortunes sont liés en effet au «London Silver Price» de fin d'après-midi.

Rebond en vue

Le Financial Times de Londres faisait part hier d'une certaine confusion à la veille de la mise en oeuvre du nouveau système, qui pourrait déboucher sur un afflux supérieur d'ordres d'achat pour le métal. «En effet, il y a déjà des rumeurs dans le marché que certains grands producteurs d'argent et des consommateurs se préparent à poivrer le marché avec leurs commandes», peut-on lire.

«L'or des pauvres»

L'éditeur du site financier anglais Market Oracle n'exclut pas un «short squeeze» (course à la liquidité). Techniquement, l'argent est appelé à rebondir de 2,4% dans les 10 prochains jours après avoir été survendu, ajoute le stratège Andrew Robinson, de First World, aussi chroniqueur pour l'agence Bloomberg.

«L'or des pauvres» a perdu la moitié de sa valeur ces deux dernières années. On obtient aujourd'hui 65 onces d'argent pour 1 once d'or, comparativement à une cinquantaine en moyenne au cours des 35 dernières années. La tendance du prix de l'argent suit habituellement celle de l'or, mais avec de plus fortes oscillations.

Contrairement à l'or, l'argent est avant tout un produit industriel. La demande vient non plus de la photographie, mais de secteurs d'activité porteurs comme les batteries et la fabrication des panneaux solaires. La spéculation financière accapare aussi une bonne part de la production.

----------------

La Recommandation

Jeff Clark, éditeur de la lettre financière BIG GOLD de Casey Research, recommande l'achat du métal argent pour sept raisons: le prix courant ne tient pas compte de l'inflation depuis 1980; les producteurs ont baissé leur coût, mais leur marge bénéficiaire en souffre; les stocks ne couvrent que le quart de la production annuelle; le marché est baissier pour l'argent depuis plus longtemps que coutume; seulement le nickel est plus éloigné de ses prix records; l'argent ne compte plus que pour 0,01% de la richesse mondiale, contre 0,25% en 1980; et, enfin, «surveillez bien la Chine!»