«Relaxez... Les évaluations des banques ne sont pas un problème», pose d'emblée Robert Sedran, analyste bancaire à la CIBC.

C'est l'expérience qui parle alors que des investisseurs craignent une correction boursière qui irait jusqu'à emporter ces valeurs défensives et que les agences de notation de crédit s'inquiètent du durcissement de position du gouvernement fédéral au sujet de très hypothétiques sauvetages.

L'analyste de la CIBC relativise surtout la poussée boursière récente du secteur. Les six grandes banques canadiennes ont touché des niveaux records à la fin du mois dernier avant de décrocher avec le marché. Le gain moyen est de 11,4% depuis le début de l'année. C'est beaucoup, mais tout de même un peu moins que l'impressionnante poussée de 12,4% de l'indice général TSX (le secteur bancaire compte par ailleurs pour plus du tiers de la capitalisation boursière du groupe).

Aux cours actuels, les banques canadiennes valorisent 12,2 fois les profits prévus pour l'exercice en cours. C'est un peu cher payé comparé au multiple moyen de 11,7 fois les bénéfices escomptés, enregistré les 10 années précédant la crise des prêts hypothécaires à risque aux États-Unis.

«Même si l'évaluation des banques surpasse les moyennes historiques, les conditions économiques et d'affaires supportent ces niveaux élevés de prix», rétorque l'expert bancaire, qui a relevé à 12,4 fois son multiple cible pour le groupe afin de refléter cette nouvelle réalité.

Robert Sedran prévoit une augmentation de 3% du bénéfice par action du groupe des six, du deuxième au troisième trimestre. La croissance des prêts devrait plus que contrecarrer la réduction des marges. Les résultats bancaires du trimestre achevé le 30 juillet seront dévoilés dans les deux prochaines semaines.

Hausse des dividendes

La Banque Royale et la Scotia pourraient même profiter de l'occasion pour ajouter 3 cents à leur dividende trimestriel, selon l'analyste de la CIBC. La Banque de Montréal, la Nationale et la CIBC ont toutes trois bonifié le versement trimestriel à leurs actionnaires, à l'issue du deuxième trimestre.

Les six grandes banques rapportent maintenant 3,7% en moyenne, alors que les taux d'intérêt sont toujours très bas. La CIBC paraît la plus généreuse avec un rendement de 4,0%. Viennent ensuite la Banque de Montréal et la Nationale avec 3,9%.

Le rendement des banques canadiennes surpasse nettement celui des grandes institutions financières américaines et la plupart des banques européennes comparables, selon des données colligées par l'agence financière Bloomberg. Par exemple, le rendement en dividende de JPMorgan, l'institution financière la plus payante aux États-Unis et la 19e au classement mondial, n'est encore que de 2,8%.

Selon John Kinsey, gestionnaire de fonds à la firme torontoise Caldwell Securities, le rendement des dividendes importe d'autant plus dans l'évaluation des banques comme placement que la croissance des bénéfices ralentit. Les banques canadiennes retournent de 40 à 50% de leurs profits à leurs actionnaires. Il n'y a pas eu de réduction de dividendes de leur part même au pire de la crise bancaire américaine.

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LA RECOMMANDATION 

L'analyste Robert Sedran, de la CIBC, donne sa préférence à la Banque Toronto-Dominion et à la Scotia pour une «surperformance sectorielle». Les activités internationales de la Scotia donnent des signes d'amélioration et elle montre une bonne performance bien depuis plusieurs trimestres au Canada, note l'analyste. La TD est le titre bancaire chouchou de bien d'autres analystes pour 2014 en raison de la croissance soutenue de ses activités au pays.

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LE RENDEMENT DES BANQUES

Banque / Rendement / Croissance en 5 ans



Royale 3,6% 6,7%

Toronto-Dominion 3,3% 8,0%

Scotia 3,5% 5,2%

Banque de Montréal 3,9% 1,7%

CIBC 4,0% 2,3%

Nationale 3,9% 8,2%

Source: Bloomberg