Avertissement: ce billet contient des éléments qui pourraient déplaire à un jeune public investisseur. Nous préférons vous en avertir.

Marc Faber, surnommé «docteur Catastrophe» à Wall Street pour ses prévisions toujours extrêmement pessimistes, et Mark Cook, un vétéran réputé pour avoir prédit les trois derniers krachs, croient que le marché boursier américain est en difficulté. Les deux gourous prévoient des chutes prochaines de plus de 20%.

On les accusera de toujours crier à l'ours et de démoraliser les investisseurs, mais ils ont déjà eu raison d'ameuter la communauté.

Le magicien

Mark Cook est cité dans le livre Stock Market Wizards pour avoir prédit les marchés baissiers de 1987, 2000 et 2008. Il s'était aussi illustré avec un rendement de 563% à l'US Investing Championship de 1992.

L'analyste technique américain a développé en 1986 un indicateur basé sur la concordance entre le différentiel de titres à la hausse et à la baisse avec l'évolution des cours, à la Bourse de New York. Le «Cook Cumulative Tick» n'a pas été aussi radicalement débalancé depuis le troisième trimestre de 2007, observe-t-il aujourd'hui. Le niveau actuel (-1200, pour les intéressés) indique en fait un marché baissier, alors que les indices sont à des niveaux records. «C'est comme être dans la quatrième dimension [Twilight Zone], commente Cook. Imaginez que vous allez à l'extérieur quand il pleut et attrapez un coup de soleil. C'est l'environnement où nous sommes en ce moment.»

Le ténébreux

Célèbre pour sa lettre financière mensuelle intitulée Gloom, Boom&Doom Report, Marc Faber avait pour sa part prédit le krach boursier de 1987, la chute des actions japonaises deux ans plus tard et la crise financière des prêts hypothécaires. Sur CNBC, mardi, il a prédit une importante correction de 20 à 30% en août ou septembre.

Le financier suisse s'inquiète particulièrement pour l'économie et les marchés financiers japonais. L'abandon progressif du programme d'assouplissement monétaire et de la politique de relance fiscale implémentés l'an dernier lui fait craindre une explosion des taux d'intérêt qui provoquerait une chute du Japon comparable à celle de la Grèce ou de l'Espagne.

Il cite le gestionnaire de fonds de couverture Kyle Bass qui, après avoir analysé en profondeur le Japon, estime que la prochaine grande crise mondiale pourrait venir de la faillite de l'archipel.

«Je remets en question la politique monétaire de la Banque du Japon visant à imprimer des billets pour affaiblir la monnaie, car le principal problème de ce pays, c'est le manque d'entrepreneuriat. À moins d'avoir une hausse significative des salaires, l'affaiblissement de la monnaie a un impact négatif sur l'économie», confiait-il le printemps dernier à l'agence Reuters.

Le président

Ancien président de la Réserve fédérale américaine, Alan Greenspan a accrédité hier la vision des deux prophètes de malheur.

Le sage financier de 88 ans affirme que les cours boursiers sont «beaucoup trop chers» alors que les taux d'intérêt s'apprêtent à remonter. «Les marchés boursiers se sont tellement redressés depuis tellement longtemps qu'il faut bien s'attendre à voir une correction importante», a-t-il dit sur les ondes de Bloomberg Television.

À l'approche d'un plongeon possible des Bourses, les investisseurs aguerris procèdent à une bonne révision de la répartition de leurs actifs et de la qualité des titres dans leur portefeuille, et se constituent un bon coussin d'argent pour profiter des occasions qui se présenteront. Jamais ils n'abandonnent leurs meilleurs chevaux. Car si l'on ne peut être certain que les cours vont tomber, ils finissent toujours par remonter, rappelle la chroniqueuse Frances Horodelski dans son commentaire matinal sur BNN.