On ne peut pas blâmer les entreprises pour les hésitations des Bourses, ces dernières séances. Les deux tiers des grandes sociétés américaines qui ont dévoilé leurs résultats du deuxième trimestre de 2014 ont stupéfié les analystes et elles pointent avec assurance vers une solide croissance des revenus et profits du groupe des 500.

Plus de la moitié des grandes entreprises américaines constituant l'indice global S&P 500 ont maintenant levé le voile sur leur performance des trois derniers mois. La ronde endiablée qui a culminé la semaine dernière avec les vedettes technologiques se poursuit ces jours-ci avec les grandes entreprises pétrolières et les fabricants de produits de base, demain et vendredi. Quelque 155 annonces sont au programme cette semaine.

Hausse de 4,8% des profits

Selon RBC Marchés des capitaux, les grandes entreprises américaines affichent une hausse moyenne de leurs profits de 4,8% jusqu'à maintenant. Cela atteint 8,9% si on exclut les débours exceptionnels de Citigroup et de Bank of America pour solder leurs errements passés dans le secteur immobilier. Les recettes globales sont en hausse de 3,5%, toujours par rapport à la période correspondante de l'année dernière.

La performance des entreprises surpasse nettement les attentes. Les analystes tablaient sur une croissance annuelle moyenne de 3,4% des bénéfices globaux et une progression des ventes de seulement 1%, pour les trois derniers mois.

C'est aussi un redressement spectaculaire par rapport au début de l'année. Le premier trimestre de 2014 avait vu un recul des bénéfices de 2%, sur la base des comptes nationaux, ce qui ne s'était pas vu depuis cinq ans. Les rudes conditions météorologiques avaient de même causé une chute de 2,9% du produit intérieur brut américain, son plus gros plongeon depuis la récession.

Le stratège Jonathan Golub, de RBC Marchés des capitaux, qui suit de près la performance des sociétés américaines, note que les résultats des institutions financières et des producteurs d'énergie affectent le plus le solde du groupe des 500. Les cinq grandes banques ont fait mieux que prévu avec leurs services d'investissement, «mais les dépenses juridiques demeurent un poids», note-t-il. Les pétrolières commencent à peine à se révéler, mais l'expert de RBC a confiance en l'amélioration des marges depuis un an.

Au Canada

La saison des résultats est décalée au Canada. Cette semaine est la plus intense du cycle trimestriel avec pas moins de 70 annonces, dont celles du premier producteur d'or mondial, Barrick, et des grandes sociétés pétrolières comme Suncor et Cenovus aujourd'hui même. Les trois multinationales québécoises Bombardier, Valeant et Gildan suivront demain.

Les pronostics sont très positifs de ce côté-ci de la frontière après la forte lancée de début d'année. Des augmentations de profits de l'ordre 9% sont attendues des entreprises composant l'indice global S&P/TSX pour le trimestre couru, selon Bloomberg. Le CN et le CP, deux bons baromètres économiques canadiens, ont déjà donné le ton.

L'indice américain S&P 500 valorise 18 fois les bénéfices courus de ses entreprises et le S&P/TSX canadien, 21 fois. «Bien que les multiples boursiers surpassent la moyenne historique de 14 fois, ils ne sont pas exorbitants, a commenté Peter Brieger, président de GlobeInvest Capital, sur le réseau BNN.Même s'il y a de la place pour une bonification modeste des ratios, le principal facteur d'amélioration du marché devra être la croissance des bénéfices des entreprises. Je pense qu'elles vont avoir l'effet de levier souhaité pour assurer la croissance continue des marchés.»