La popularité des fonds négociés en Bourse (FNB) ne se dément pas. Le marché canadien des FNB, qui avait plusieurs années de retard sur celui des États-Unis, a augmenté de plus de 11% depuis le début de l'année et s'élève maintenant à 70,1 milliards de dollars, selon la plus récente compilation de l'agence Bloomberg.

La popularité des FNB de titres à revenu fixe est la plus grande surprise. De nouveaux capitaux considérables de près de 2,5 milliards de dollars leur ont été alloués, soit cinq fois plus que pour les fonds d'actions.

BMO Gestion mondiale d'actifs, qui vient de publier son rapport de milieu d'exercice sur les perspectives des FNB canadiens, attribue cette poussée à l'efficacité de l'offre d'obligations sur le marché hors cote. On peut y voir aussi l'avidité des investisseurs pour le rendement sans trop d'égard au risque sous-jacent.

En matière d'actions, les FNB à saveur internationale ont aussi attiré beaucoup d'épargnes. Le fonds calquant le S&P 500 est le meilleur vendeur de la gamme des 58 de la BMO. Le fonds Vanguard investissant dans les économies développées et l'autre ciblant l'Europe ont aussi drainé beaucoup d'épargnes.

«Le succès de ces produits reflète la mondialisation des portefeuilles d'actions et la recherche d'occasions en période de marché haussier, car les investisseurs recherchent des gains de croissance sur les marchés étrangers en raison de l'amélioration de la situation économique», commente Rajiv Silgardo, cochef de la direction de BMO Gestion mondiale d'actifs.

Les fonds intelligents

Le rapport identifie trois facteurs-clés qui ont influé de façon importante sur l'engouement pour ces fonds à minimarge: la guerre de prix avec l'intensification de la concurrence dans les principales catégories de placement, l'efficacité des fonds permettant d'accéder aux marchés internationaux à bas coûts et l'émergence des FNB de type «bêta intelligent».

Les produits dits bêta intelligents s'appuient sur des stratégies ciblées. Ils offrent une exposition basée sur divers facteurs comme une faible volatilité, le momentum ou la qualité. Les fonds à faible volatilité, qui tirent parti des marchés haussiers tout en offrant une protection contre les pertes en cas de baisse, sont particulièrement en vogue.

Selon les experts de BMO, les portefeuilles basés sur des FNB n'ont pas fini de croître, car ces fonds offrent à la fois efficience, diversification et négociabilité aux investisseurs à la recherche de revenus dans un contexte de bas taux d'intérêt. Les FNB à solutions spécialisées seront en vedette, car les manufacturiers ne cessent d'innover pour répondre aux besoins particuliers des investisseurs.

Une étude menée par Invesco auprès de conseillers financiers américains établit que les investissements dans les FNB constituent près du quart des portefeuilles de leurs clients.

LA RECOMMANDATION 

Pat Chiefalo, de la Financière Banque Nationale (FNB), recommande aux investisseurs de prêter une attention particulière à la liquidité des fonds négociés en Bourse. L'écart entre prix offerts et prix demandés représente un coût opaque qui peut être significatif, note l'expert des FNB qui a analysé le marché pour près de 300 de ces valeurs.

Les fonds d'actions sont généralement aussi liquides que les titres sous-jacents, note-t-il, les fonds de grandes capitalisations américaines ayant le plus faible écart, soit 0,07% seulement (chiffre médian avec un écart-type marginal). Les FNB de matières premières, par contre, peuvent coûter jusqu'à 0,6% de plus qu'affiché et les FNB diversifiés, jusqu'à 0,5% de plus, vu l'étroitesse du marché pour ces valeurs.