«Les marchés haussiers naissent dans le pessimisme, grandissent dans le scepticisme, mûrissent dans l'optimisme et meurent dans l'euphorie.»

Les observations du célèbre investisseur sir John Templeton sur l'investissement sont toujours d'actualité. Son approche en quatre temps du marché haussier boursier a été validée plus d'une fois, notamment avec l'éclatement de la bulle technologique en 2002 ou l'effondrement du marché de l'immobilier américain en 2007.

La crédibilité de ce grand investisseur mort en 2008 n'est d'ailleurs plus à faire dans le monde financier. Le fondateur des Fonds Templeton a fait fortune en achetant des actions de toutes les entreprises qui valaient moins de 1$ à la Bourse de New York au début de la Deuxième Guerre. Il s'est ensuite illustré comme pionnier dans l'utilisation de fonds diversifiés à l'échelle mondiale. Un investissement de 10 000$US dans son fonds-vedette en 1954 valait 2 millions US quand sir John s'est retiré en 1992.

Dans un article du magazine Barron's qui a marqué Wall Street cette semaine, Ed Yardeni, président et premier stratège de la firme Yardeni Research, affirme que le marché haussier est en phase terminale.

«La première phase a débuté le 9 mars 2009 et a pris fin après la deuxième et pire correction du marché haussier, le 3 octobre 2011, établit Yardeni. La deuxième phase comprenait trois corrections mineures, la dernière se terminant le 1er juin 2012. La troisième phase n'a pas vu de corrections et tire probablement à sa fin. [...] Le début de la quatrième phase a probablement coïncidé avec la correction interne des actions sur élan [momentum stocks], le 8 mai.»

Zone d'euphorie

Pour le stratège boursier, John Templeton est un virtuose comme Vivaldi avec ses quatre saisons. Il cite aussi son ami Lazlo Birinyi, de la firme Birinyi Associates, pour qui les quatre temps du marché sont: réticence, digestion, acceptation et exubérance. Cela n'empêche pas le vétéran de voir le S&P 500 à 2100 d'ici la fin de l'année.

La Banque des règlements internationaux avait elle-même utilisé l'expression «zone d'euphorie» à la fin du mois dernier pour désigner l'enflure des cours boursiers internationaux. L'institution financière établie en Suisse réclame une hausse des taux d'intérêt des banques centrales pendant que les économies vont bien.

Les habitués du site MarketWatch ne partagent toutefois pas cette lecture du marché. Seulement 23% des 355 répondants à un sondage éclair considèrent que les cours sont euphoriques/exubérants. Près des deux tiers croient plutôt que l'on est encore dans les deux phases mitoyennes.

Cette vision cyclique du marché rappelle le modèle élaboré par Charles Dow. Le fondateur du Wall Street Journal avait découpé la grande vague du marché en trois phases (ou peut-être davantage, car les interprétations ne manquent pas). Cela commence par la phase d'accumulation, ou tendance primaire, et se termine en spéculation pure. Les adeptes de la théorie Dow ne trouvent toutefois pas matière à inquiétude, la concordance des records actuels sur indices leur plaisant plutôt.

LA RECOMMANDATION

Alfred Lee, vice-président du groupe des fonds négociés en Bourse de la BMO, ajuste son portefeuille type en diminuant légèrement son exposition aux actions américaines alors qu'il recommandait de surpondérer ces valeurs depuis janvier 2011. Les Bourses américaines lui paraissent surévaluées pour le moment, même si l'économie s'améliore. D'intéressantes occasions d'investissement pointent cependant ailleurs sur le globe, note-t-il.