Les actions de la Banque Nationale et de la Banque Laurentienne sont traditionnellement malmenées lors des élections provinciales au Québec, et la lutte en cours ne fait pas exception.

L'analyste John Aiken, de la banque britannique Barclays, a étudié le comportement des 2 banques québécoises au cours des 12 dernières élections. Il exclut par ailleurs de son analyse le comportement des banques avant et après le scrutin de décembre 2008, période marquée davantage par la crise des papiers commerciaux adossés à des actifs.

Selon les recherches de l'analyste financier, la Banque Nationale est particulièrement sujette au stress préélectoral. Elle réagit aussi souvent avec plus de vigueur au résultat du vote populaire. Le cours des actions de la Banque Laurentienne s'écarte de manière moins marquée de la tendance de l'industrie bancaire.

Plus spécifiquement, la Nationale fait mieux que ses pairs de 3% en moyenne lors de l'élection d'un gouvernement majoritaire libéral. Au contraire, elle se déprécie généralement après l'élection de gouvernements péquistes majoritaires.

L'élection d'un gouvernement majoritaire du Parti québécois sourit pour sa part à la Laurentienne, bien que l'occasion ne se soit présentée qu'une seule fois à ce jour pour la banque qui n'était pas cotée en 1981. Le titre s'est par contre déprécié avec le gouvernement minoritaire du PQ en septembre 2012.

À la traîne

Une semaine avant le prochain suffrage, la Banque Nationale affiche un recul de 0,3% pour le mois de mars, tandis que la Laurentienne progresse de 1,9%, ce qui se compare au gain de 2,0% pour la moyenne des cinq grandes banques. Toutes les banques, Nationale et Laurentienne comprises, étaient par ailleurs nettement en hausse, hier, en Bourse.

Selon John Aiken, les deux banques régionales établies au Québec reproduisent leur comportement historique. La Nationale fait moins bien que le quintette, alors que les sondages ne désignent pas clairement le gagnant et que le PQ peut toujours accroître son pouvoir, note-t-il. Si la Laurentienne va avec la vague en mars, il s'agit surtout d'une reprise après le recul causé par les décevants résultats financiers du premier trimestre, croit l'expert.

L'analyste de la firme Barclays, pastichant un fameux dicton boursier, estime que les marchés font en sorte de «vendre la rumeur et acheter la nouvelle», un jeu risqué de spéculation.

Dans un rapport aux clients de la banque, l'analyste rappelle que si la performance passée n'est pas nécessairement garante de l'avenir, «ceux qui ignorent l'histoire sont condamnés à la répéter».

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LA RECOMMANDATION

Les analystes sont modérément optimistes à l'égard des actions des deux banques régionales québécoises. La Banque Laurentienne reçoit quatre recommandations d'achat, cinq de conserver et deux de vendre, selon le plus récent sondage de l'agence Bloomberg. La Nationale obtient pour sa part deux recommandations d'achat, neuf de conserver et trois de vendre. L'analyste Michael Goldberg, de Desjardins Marché des capitaux, est notamment «acheteur» des deux banques régionales, même si leurs perspectives de croissance modeste de leurs affaires leur valent des cibles de prix abaissées.