L'éditeur de jeux en ligne King Digital Entertainment compte sur le spectaculaire succès des bonbons à aligner de Candy Crush pour séduire les investisseurs à la Bourse de New York, échaudés par les difficultés du pionnier du secteur Zynga.

Le groupe britannique a déposé mardi une demande auprès de l'autorité boursière américaine, la SEC, en vue d'une introduction en Bourse à New York. La nouvelle a immédiatement suscité une multitude de commentaires, oscillant entre l'enthousiasme face à l'engouement des joueurs pour Candy Crush, et les sarcasmes de ceux rappelant le destin de Zynga, créateur, entre autres du jeu Farmville.

Entré en Bourse en 2011, le groupe américain, qui surfait alors lui aussi sur la popularité de ses jeux, a vu depuis la valeur de son titre, comme ses résultats, plonger.

«Zynga a été pionnier dans son secteur», pointe Scott Steinberg, longtemps analyste de l'industrie du jeu, aujourd'hui directeur général de Phoenix Online Studio. «Le problème, c'est que parfois, les pionniers prennent les coups pour les autres».

Même s'il est impossible de savoir combien de temps un jeu va rester populaire, Candy Crush, lancé en 2012 sur Facebook et déployé aussi sur les téléphones intelligents ou en ligne, a déjà montré une importante longévité au sommet et King a pu apprendre des erreurs de Zynga.

«Comme tout ce qui arrive sur le marché et qui est basé sur la popularité plutôt que sur les fondamentaux économiques, il ne faut pas oublier qu'à un moment donné, ces deux aspects vont s'entrechoquer et que ceux qui se basent uniquement sur la popularité vont perdre», met toutefois en garde l'analyste indépendant Rob Enderle, d'Enderle Group.

Si King a bien entendu d'autres jeux vidéo à son catalogue, le succès de l'entreprise fondée en 2002 est intimement lié à Candy Crush, au point que King a essayé récemment de déposer les droits du mot «candy», pourtant un simple nom commun signifiant «bonbon» en anglais. Le téléchargement est gratuit, mais les joueurs peuvent ensuite acquérir des éléments payants pour progresser et améliorer leurs performances.

«Mini-bulle» 

Le jeu consiste à aligner des bonbons multicolores pour les faire disparaître les uns après les autres d'une grille. Ce principe, qui n'est pas sans rappeler celui des briques à emboîter d'un autre grand succès du jeu vidéo, Tetris, est utilisé dans des dizaines d'autres jeux en ligne. Mais la version développée par King a su séduire des millions d'internautes.

«C'est une chose d'avoir un jeu qui est un véritable phénomène culturel, mais c'en est une autre d'avoir un jeu avec une base de joueurs qui restent fidèles année après année», relève Scott Steinberg, qui souligne que Candy Crush a «touché une corde sensible».

Face au buzz qui risque d'accompagner l'entrée en Bourse de King, Rob Enderle met de son côté en garde contre une «mini-bulle» qui pourrait menacer les investisseurs. De manière générale, l'analyste se dit méfiant face aux éditeurs de jeux en ligne, estimant que leur modèle économique doit encore être amélioré: «Zynga a montré que vous êtes aussi performants que votre dernier jeu est bon».

King espère lever quelque 500 millions de dollars lors de son entrée en Bourse, selon les documents que le groupe a déposés auprès de la SEC.

Selon des données du cabinet Idate, quelque 700 millions de parties de Candy Crush se déroulent chaque jour et le jeu suscite des ventes quotidiennes atteignant 850 000 dollars.

Le groupe, qui a vu son chiffre d'affaires bondir à 602 millions de dollars au 4e trimestre 2013, contre 70 millions un an plus tôt, revendique 324 millions d'utilisateurs uniques chaque mois pour ses 180 jeux disponibles en 14 langues.