Sous la pression du milliardaire Carl Icahn, le groupe informatique américain Apple a accéléré le rachat de ses propres actions lors des deux dernières semaines et n'exclut plus d'acquérir de grosses entreprises.

Dans un entretien au Wall Street Journal publié jeudi sur le site internet du quotidien des milieux d'affaires new-yorkais, le directeur général Tim Cook a révélé que la marque à la pomme avait racheté 14 milliards de dollars de ses propres actions.

L'opération s'est faite en deux étapes: Apple a d'abord racheté «en accéléré» et en bloc 12 milliards d'actions et ensuite il s'est procuré 2 milliards sur le marché.

Elle rentre dans le cadre de son programme de rachats de 60 milliards d'actions sur deux ans annoncé l'an dernier, a précisé le successeur du charismatique Steve Jobs.

En un an, le groupe en est déjà à 40 milliards d'actions rachetées, selon son dirigeant, qui dit avoir été surpris par la chute du titre après la publication de ses résultats annuels fin janvier.

L'action du fabricant des iPhone et iPad avait dégringolé de 8% dans la foulée de ses résultats sur des craintes au sujet de sa rentabilité future. Elle a terminé quasi stable jeudi à 512,51 dollars à Wall Street.

110 milliards de dollars de rachat d'actions

Cette annonce intervient alors que l'investisseur activiste Carl Icahn lui demande d'intensifier son programme de rachat d'actions, une façon indirecte de rémunérer ses actionnaires et de valoriser le titre.

Le milliardaire, réputé pour ses raids boursiers hostiles et son interventionnisme sur les activités des entreprises où il investit, a accru ces derniers jours ses investissements dans Apple et possède désormais quelque 0,9% du capital.

M. Icahn entend demander aux actionnaires, lors de l'assemblée du groupe le 28 février, de voter une augmentation de 50 milliards de dollars du programme de rachat annoncé, ce qui représenterait un plan total de 110 milliards, soit quasiment le quart de la valorisation (457,15 milliards de dollars) d'Apple jeudi soir à la Bourse de New York.

Son objectif affiché est de pousser le groupe à reverser aux actionnaires une partie de son énorme trésor de guerre estimé à 160 milliards de dollars.

Sans le nommer, M. Cook s'en prend à son fougueux actionnaire dont il dénonce la vision à court terme. Le patron du fabricant de l'iPhone dit vouloir «être à même de s'adapter à l'intérêt à long terme des actionnaires, pas à celui d'un actionnaire à court terme, pas à un trader d'un jour».

Grosses acquisitions en vue

Cette stratégie pourrait pousser la firme de Cupertino à faire de grosses acquisitions, rompant ainsi avec sa frilosité traditionnelle.

«Nous avons déjà regardé de grosses entreprises», indique M. Cook. «Nous n'avons aucun problème à mettre un prix à 10 chiffres sur la bonne, celle qui fait sens pour le développement d'Apple à long terme», poursuit-il, faisant remarquer qu'Apple a racheté 21 entreprises lors des quinze derniers mois.

Alors que les spéculations vont bon train sur la sortie très attendue cette année de nouvelles catégories de produits pour succéder à l'iPhone, notamment une montre, un produit de salon lié à la télévision ou un service de paiements, M. Cook est resté vague.

«Nous travaillons sur de bons produits», a-t-il simplement déclaré.

Outre Samsung, Apple voit ses autres rivaux comme le chinois Lenovo qui multiplie les acquisitions, --dont récemment celle de Motorola--, lui grignoter des parts de marché dans le juteux secteur des téléphones intelligents.