L'année 2014 risque d'amener un plus grand nombre d'entreprises du Québec inc. à faire le saut en Bourse. De trois à cinq recrues québécoises envisagent un premier appel public cette année, estiment des sources bien au fait du marché. «C'est du jamais vu depuis longtemps au Québec», dit l'une d'elles. Portait de trois entreprises à garder dans sa ligne de mire.

Lumenpulse

Année de fondation: 2006

Siège social: Montréal

Nombre d'employés: 230

PDG: François-Xavier Souvay

Activités: Conception de systèmes d'éclairage DEL (éclairage à diodes électroluminescentes) de haute performance.

Après avoir accepté notre demande d'entrevue, la direction de Lumenpulse nous a rappelé pour reporter le rendez-vous à la fin de l'hiver. Il n'a donc pas été possible de préciser les projets, mais, selon nos informations, son premier appel public à l'épargne est imminent.

Lumenpulse souhaite transformer le monde de l'éclairage et son marché est mondial. Le siège social se situe à Montréal, mais la société a déjà des bureaux à Boston, Londres et Singapour.

Grâce à sa technologie, Lumenpulse crée des gammes de produits d'éclairage architectural qui consomment moins d'énergie et qui ont une durée de vie plus longue que les systèmes d'éclairage conventionnels.

Les produits de Lumenpulse ont notamment été installés dans des endroits comme le Musée d'art contemporain de Montréal, le stade BC Place à Vancouver, le stade Soldier Field de Chicago et le siège social de General Motors à Detroit.

En plus d'être en pleine transformation, l'industrie de l'éclairage est fragmentée. Le leader mondial est Philips (PHG à la Bourse de New York).

Mais les actions d'autres grandes entreprises du secteur se négocient aussi en Bourse. Il y a notamment l'américaine CREE (CREE au NASDAQ) et l'allemande Osram (OSAGF sur la Bourse alternative OTC).

Lumenpulse est dirigée par son fondateur François-Xavier Souvay. Durant ses études universitaires à HEC Montréal, il a notamment travaillé pour la boîte d'éclairage industriel de son père. Et avant de fonder Lumenpulse il y a huit ans, M. Souvay a acheté, au tournant des années 2000, une petite société de distribution d'éclairage de Québec appelée Luxtec.

En entrevue avec La Presse Affaires il y a trois ans, il avait indiqué que le chiffre d'affaires de Lumenpulse avait le potentiel d'atteindre 100 millions en 2016.

Son chef des finances est Robert Comeau, ex-chef de la direction financière d'Emergis, qui était en poste lors de la vente à TELUS en 2008. Il a aussi déjà été vice-président aux finances de certaines divisions de Nortel.

Le conseil d'administration compte plusieurs hommes d'affaires d'expérience.

Il y a notamment le dragon Alexandre Taillefer, fondateur de Nurun, une société qu'il a vendue à Québecor. Il est aujourd'hui associé directeur du fonds de capital de croissance XPND.

François Côté, chef de la direction de TELUS Québec, est aussi membre du conseil. Tout comme Pierre Larochelle, vice-président, investissements, chez Power Corporation, et Pierre Fitzgibbon, PDG d'Atrium Innovations, entreprise spécialisée dans les produits de santé naturels. Fitzgibbon a travaillé au financement des sociétés pour la Financière Banque Nationale.

Klox Technologies

Année de fondation: 2007

Siège social: Laval

Nombre d'employés: 25

PDG: Lise Hébert

Activités: Traitements contre l'acné et pour le rajeunissement de la peau.

Cette biotech de Laval, qui bénéficie des conseils et de l'appui de l'entrepreneur Francesco Bellini, vise une inscription en Bourse avant la fin de l'année ou au plus tard au début de 2015.

«C'est ce qu'on a en tête à l'heure actuelle», dit la PDG Lise Hébert.

Elle précise toutefois qu'avant d'en arriver là, deux développements sont attendus prochainement.

L'entreprise est en vérification diligente au sujet d'une entente globale de partenariat pour les deux programmes phares de la société (l'acné et le rajeunissement de la peau).

Une approbation pour la guérison des plaies en Europe est prévue avant l'été.

En réalisant un premier appel public à l'épargne, l'entreprise souhaite profiter de la visibilité et d'un plus grand accès aux capitaux. Cela est d'autant plus important que Klox Technologies entend elle-même faire progresser ses activités commerciales en Europe pour la cicatrisation des plaies.

La PDG pense par ailleurs que le seuil de rentabilité pourrait être atteint d'ici la fin de l'année ou au début de 2015. Lise Hébert est notamment titulaire d'un doctorat en médecine expérimentale de l'Université McGill sur l'amyloïdose et a mené des études de recherche à la faculté de médecine de l'Université de New York.

Au tournant des années 2000, elle a joué un rôle dans l'inscription de Neurochem (devenue Bellus Santé en 2008) à la Bourse de Toronto et au NASDAQ. Au fil des ans, elle a aussi participé à des financements totalisant des centaines de millions de dollars.

Le président du conseil d'administration de Klox est le chercheur Francesco Bellini, qui s'est notamment fait connaître pour avoir cofondé et dirigé BioChem Pharma. M. Bellini est aussi président du conseil de trois autres entreprises spécialisées dans les soins de santé: Bellus Santé (anciennement Neurochem), Picchio International et Prognomix. Il siège aussi au conseil de Molson Coors.

Le chef des finances de Klox est Mariano Rodriguez, qui a auparavant été vice-président et directeur des finances de Neurochem (aujourd'hui Bellus).

Beyond the Rack

Année de fondation: 2009

Nombre d'employés: 400

Siège social: Montréal

PDG: Yona Shtern 

Activités: Club de magasinage sur l'internet pour des vêtements et des accessoires de mode (souvent griffés). La marchandise est offerte au rabais dans le cadre d'événements chronométrés.

«On est intéressés par la Bourse parce que les marchés boursiers représentent une occasion intéressante pour dénicher du financement», révèle le PDG de Beyond the Rack, Yona Shtern.

«Ça va dépendre de deux choses, dit-il. La première est de savoir si le marché est prêt pour nous et si nous avons le bon profil. La réponse est probablement oui. Nous sommes en forte croissance et nous avons un bon potentiel de croissance à long terme. De plus, nous sommes un leader dans notre secteur», lance-t-il.

«Deuxièmement, nous devons évaluer si c'est la bonne solution pour l'entreprise et pour nos actionnaires», dit-il en précisant qu'il faudra aussi voir s'il serait préférable d'inscrire la société à la Bourse canadienne ou à la Bourse américaine.

Le moment pourrait s'avérer opportun puisque des entreprises comparables impressionnent depuis qu'elles ont récemment fait le saut en Bourse. Pensons, notamment, à Zulily (ZU au NASDAQ) et à Vipshop (VIPS à New York).

Yona Shtern souligne sagement que c'est une chose de s'inscrire en Bourse et que c'en est une autre de bien faire en Bourse.

Est-ce que l'inscription en Bourse se fera cette année?

«Tout est possible. Il faut savoir que le processus d'inscription peut prendre de 6 à 12 mois», dit-il. Les banquiers ont commencé à le sonder il y a deux ans pour en discuter.

Le seuil de rentabilité a été atteint en novembre. «Maintenant que nous savons que l'entreprise peut générer des profits, nous allons investir dans la croissance, dit-il. Nous allons investir de façon importante dans le marketing pour tenter d'attirer plus de consommateurs du Canada et des États-Unis, mais aussi investir davantage dans nos infrastructures.»

Beyond the Rack exploite trois entrepôts (Montréal, New York et Las Vegas) et évalue actuellement la possibilité de s'installer dans l'Ouest canadien.

Yona Shtern estime que le site compte près de 10 000 membres et que le chiffre d'affaires devrait atteindre 200 millions cette année.

Cinq sociétés qui ont fait le saut en bourse

Voici cinq sociétés du Québec qui ont fait le saut en Bourse au cours des dernières années et la façon dont les marchés les ont accueillies.

Bombardier produits récréatifs

Société: BRP 

Symbole: DOO

En Bourse depuis: mai 2013

Siège social: Valcourt

PDG: José Boisjoli 

Chiffre d'affaires: 3 milliards

Le titre du constructeur de motoneiges, motomarines, roadsters et véhicules tout-terrain Bombardier produits récréatifs a été inscrit à la Bourse de Toronto au printemps dernier. Ce fut haut la main le meilleur premier appel public à l'épargne l'an dernier, non seulement au Québec, mais aussi au Canada. L'action de BRP s'est appréciée d'environ 40% en 2013.

Certains observateurs diront que BRP n'est plus la même entreprise depuis qu'elle reçoit l'encadrement de Bain Capital. D'autres diront que le marché a aussi évolué à la faveur de BRP. Pour la plupart, les analystes se montrent toujours tous très favorables envers le titre. BRP profite notamment de la capacité d'innover de l'entreprise pour mousser sa croissance.

Le titre est attrayant aux yeux de Bay Street parce que la société gagne des parts de marché et que la reprise économique favorise la vente de ses produits.

Manac

Société: Manac

Symbole: MA 

En Bourse depuis: septembre 2013

Siège social: Saint-Georges-de-Beauce

PDG: Charles Dutil

Chiffre d'affaires: 1 milliard

Le constructeur de semi-remorques Manac a fait son entrée en Bourse il y a quatre mois, à la fin du mois de septembre. Il s'agissait d'une opération relativement petite qui a rapporté environ 40 millions à la société. Le titre montre une progression d'environ 5% depuis ses débuts. Ce qui retient davantage l'attention est le très faible volume de transactions enregistré au quotidien.

Bien que les investisseurs démontrent peu d'intérêt pour cette entreprise longtemps associée à Canam, Manac semble positionné pour agir à titre de consolidateur dans son secteur d'activité. La Caisse de dépôt et placement du Québec est le plus important actionnaire avec une participation de 12%.

Dollarama

Société: Dollarama

Symbole: DOL

En Bourse depuis: octobre 2009

Siège social: Montréal

PDG: Larry Rossy

Chiffre d'affaires: 2 milliards

Le détaillant montréalais Dollarama connaît un énorme succès boursier depuis le jour un. La valeur de l'action est passée d'une vingtaine de dollars lors de l'émission en 2009 à près de 100$ aujourd'hui. Le titre valait précisément 90$ en novembre dernier.

Comme dans le cas de BRP, Dollarama semble avoir profité du cadre de gestion apporté par Bain Capital. Les gestionnaires de Bain Capital avaient bouclé une transaction pour acheter Dollarama en 2004 avant d'orchestrer le premier appel public à l'épargne cinq ans plus tard.

Malgré la forte appréciation des dernières années en Bourse, les analystes sont toujours presque unanimes à recommander l'achat du titre. Le récent repli observé a poussé plusieurs analystes à crier qu'une occasion d'achat venait d'être créée. S'il faut en croire les analyses, de belles occasions de croissance s'offrent encore à l'entreprise.

5N Plus

Société: 5N Plus

Symbole: VNP

En Bourse depuis: décembre 2007

Siège social: Montréal

PDG: Jacques L'Écuyer

Chiffre d'affaires: 500 millions

Les actions du producteur de métaux et de produits chimiques spéciaux de l'arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal, se négocient à la Bourse de Toronto depuis six ans. Le titre a rapidement touché un sommet de plus de 13$ en 2008 peu de temps après son inscription en Bourse. La valeur de l'action a reculé avec la crise financière et elle vaut moins de 3$ aujourd'hui.

Le titre enregistre souvent des variations quotidiennes importantes et semble être prisé par les spéculateurs. Certains gestionnaires pensent que si la croissance est soutenable dans le secteur des technologies et de l'électronique, la demande pour les produits offerts par 5N Plus devrait en bénéficier et le prix exigé devrait aussi bouger en conséquence. Le grand patron de 5N Plus, Jacques L'Écuyer, est le principal actionnaire avec une participation de près de 20%.

Chantiers Davie

Société: Chantiers Davie

Symbole: DAV

En Bourse: de 2008 à 2010

Siège social: Lévis

PDG: Alan Bowen

Chiffre d'affaires: non disponible

L'entreprise de Québec aux mille et une vies a récemment fait une apparition éclair en Bourse. Le titre des Chantiers maritimes Davie a été inscrit à la Bourse de Toronto en février 2008 avant que les actions soient retirées de la cote deux ans plus tard, au printemps 2010. L'inscription en Bourse a permis à l'entreprise de récolter un peu plus de 40 millions de dollars.

Les activités ont été reprises il y a deux ans par Zafiro Marine, société britannique spécialisée dans la location de navires. Zafiro a acheté le chantier à la suite d'une transaction conclue avec un consortium composé d'Upper Lakes Group, de Daewoo et de SNC-Lavalin. Pour mettre la main sur les actifs à l'été 2011, le groupe a fait une offre au principal créancier, Investissement Québec. Le chantier naval avait aussi été en faillite de 2001 à 2006. La norvégienne Teco Management avait mis la main sur les actifs à l'automne 2006.