«Note à Wall Street: Changez votre état d'esprit [concernant BlackBerry] et mettez un nouvel analyste au boulot avant que vous manquiez une réelle occasion», prévient le site d'analyse boursière Citron Research, réputé pour sa manière amusante de présenter les dossiers les plus sérieux et complexes.

Fait rare, Citron, qui se spécialise dans la démolition des titres qui lui déplaisent jusqu'à encourager leur vente à découvert, se déclare «acheteur» des actions étiquetées «BB».

De fait, le titre de l'entreprise ontarienne en restructuration est le plus «juteux» actuellement à la Bourse. Il a gagné près de 39% depuis le début de l'année, pour atteindre 10,94$.

Les actionnaires de BlackBerry peuvent se réjouir de n'avoir rien perdu depuis le rejet de l'offre de 9$US pièce proposé par le fonds d'investissement privé canadien Fairfax Financial, en septembre dernier. Les amateurs des titres technos du début des années 2000 n'ont pas tous eu cette chance.

Compote de nouvelles

Les nouvelles positives se sont succédé ces derniers jours pour les porteurs d'actions de l'ancienne Research In Motion. Lundi, le Pentagone a reconduit son partenariat avec l'opérateur, dont le réseau est très sécurisé. Mardi, l'entreprise de Waterloo a annoncé son intention de vendre la grande majorité de ses actifs immobiliers au Canada, ce qui pourrait rapporter près d'un demi-milliard, selon les premières estimations. Et jeudi, La Presse Affaires révélait qu'Ottawa et Toronto ont accommodé BlackBerry en l'autorisant à toucher plus rapidement des centaines de millions de dollars dus par le fisc en raison de pertes fiscales.

Mais les analystes apprécient surtout le recentrage autour des activités d'affaires, annoncé par le président du conseil, John Chen, en poste depuis seulement trois mois. L'entreprise s'en tient maintenant aux seuls téléphones équipés du clavier physique qu'apprécient les gens d'affaires pour texter. Appareils qui sont par ailleurs fabriqués en sous-traitance par le groupe Foxconn Technology, de Taiwan.

«Nous attribuons la forte remontée de BlackBerry entièrement au plan de redressement intelligent mis de l'avant par John Chen», confirme l'analyste Mark McKechnie, de la firme américaine de recherche Evercore. «La réduction des effectifs et l'accent mis sur les logiciels d'affaires sont une stratégie pragmatique», ajoute Itthaï Kidron, d'Oppenheimer&Co.

«BlackBerry n'est plus un fabricant de téléphones, mais un concepteur de logiciels de communication», résume Citron Research.

La pression se relâche

Les paris contre le fabricant du BB10 sont maintenant à leur plus bas niveau depuis un an. Les ventes à découvert ne comptent plus que pour 3% du flottant, soit l'équivalent de 2,3 jours de négociation, deux fois moins qu'il y a un an. 

Les ventes à découvert, ou short selling, sont un mécanisme spéculatif qui consiste à emprunter à son courtier des actions dont on pense que le prix va baisser et à les vendre dans l'espoir de les racheter plus tard à un meilleur prix.