L'ère Bernanke devrait finir en beauté, s'il faut en croire les tambours de Wall Street. La Bourse de New York a bondi de près de 1%, hier, à la veille d'une réunion cruciale de la Réserve fédérale américaine (Fed). Les investisseurs croient que le comité de politique monétaire de la Fed, qui se réunit aujourd'hui et demain, s'abstiendra de troubler la fête en ralentissant le rythme de sa planche à billets ultra-généreuse.

Après tout, la Fed n'a jamais été pingre à Noël. Pas ces 40 dernières années, en tout cas, relève Robert DiClemente, chef économiste de la banque Citigroup. Depuis 1970, les huit grands cycles de contraction monétaire sont tous survenus au premier ou au deuxième trimestre, précise-t-il.

II serait d'autant plus étonnant que la Fed change les traditions qu'elle s'apprête à célébrer son centenaire. La loi créant la banque centrale américaine a été signée par le président Woodrow Wilson le 23 décembre 1913. Bernanke et ses deux prédécesseurs, Paul A. Volcker et Alan Greenspan, se retrouveront lundi pour célébrer l'événement.

La réunion stratégique de la Fed qui débute aujourd'hui est la dernière que dirige Ben Bernanke avant de passer la baguette à la vice-présidente Janet Yellen, probablement vendredi. Le président en fin de mandat a lui-même mis en oeuvre et fermement défendu au Sénat la politique très accommodante de la Fed dont les marchés financiers ont largement profité. On l'imagine mal changer de plan à ce moment.

Rallye du père Noël

Mais, en prévisionniste prudent, Robert DiClemente, de Citigroup, n'exclut pas totalement «le potentiel d'un certain niveau de surprise». Selon le Wall Street Journal, 25% des économistes craignent en effet que les indicateurs économiques meilleurs que prévu ne conduisent la Fed à réduire son programme de rachat d'actifs dès aujourd'hui.

Une pareille intervention en fin d'année ne serait certainement pas pour plaire aux courtiers, spéculateurs et gestionnaires de fortune, qui s'apprêtent à fermer leurs livres sur une année exceptionnelle. On pense particulièrement aux caisses de retraite dont les calculs actuariels seraient à reprendre à cette seule perspective.

Il reste seulement neuf jours de transactions d'ici la fin de 2013 à la Bourse de New York, huit à la Bourse de Toronto, qui chômera le 26 décembre. Le marché boursier tend à faire mieux en fin d'année alors que les gestionnaires s'appliquent à faire l'étalage des plus beaux titres dans leurs fonds.

Selon des données compilées par l'agence financière Bloomberg et remontant jusqu'en 1928, l'indice général S&P 500 de la Bourse de New York a progressé en moyenne de 1,2% les 10 derniers jours du calendrier boursier, comparativement à 0,3% pour toute autre période de 10 séances consécutives.

Hier, les indices boursiers nord-américains ont fortement progressé. L'indice Dow Jones des industrielles de la Bourse de New York a gagné 129,2 points, à 15 884,6, tandis que le S&P 500 progressait de 11,2 points, à 1786,5, et que le NASDAQ à forte composante technologique prenait 28,5 points, à 4029,5. À Toronto, le S&P/TSX est en hausse de 58,7 points, à 13 184, à la faveur d'un regain d'intérêt pour les matières premières.

David Bianco, de la Deutsche Bank, recommande aux investisseurs de demeurer constructifs et patients relativement au marché américain des actions. S'il n'est pas le plus optimiste, le stratège croit néanmoins que les taux d'intérêt demeureront bas même après la fin des mesures d'aide de la Fed et que l'économie américaine peut soutenir une croissance modérée l'an prochain. Un portefeuille «très sélectif» pourrait contenir des titres de technologie et biotechnologie ainsi que des secteurs de l'aérospatiale, de l'assurance et des produits chimiques.