La venue possible de l'opérateur européen Orange (ORAN) sur le marché canadien de la téléphonie cellulaire n'a guère d'impact boursier jusqu'à maintenant. Rien à voir avec la débandade causée par le semblable projet du géant américain Verizon, l'été dernier. Et pour cause.

Les actions de Rogers Communications [[|ticker sym='T.RCI.B'|]], Telus [[|ticker sym='T.T'|]] et BCE [[|ticker sym='T.BCE'|]] ont largué respectivement 1,2%, 0,8% et 0,5% de leur valeur, dans un marché par ailleurs faiblard, sur la rumeur mardi. Le trio d'opérateurs canadiens a regagné le terrain perdu à la faveur du redressement général des cours, alors que l'information se confirmait hier.

Selon l'analyste Maher Yaghi, de Valeurs mobilières Desjardins, la venue d'Orange aurait un impact «neutre» sur ses éventuels compétiteurs. Contrairement à Verizon qui projetait d'acheter de la bande passante aux enchères et de construire son propre réseau, l'entreprise française exploiterait un réseau mobile virtuel en achetant des minutes de conversation en gros aux grands réseaux déjà en place, pour les revendre à ses abonnés. C'est donc autant un client qu'un compétiteur pour BCE et ses pairs.

«Les nouveaux réseaux virtuels ne sont pas préjudiciables en soi aux titulaires en place, à moins que le gouvernement arrive avec une réglementation stricte des prix de gros similaire à celle pour l'internet qui a permis à Teksavvy et à ColbaNet de s'établir», explique l'analyste de Desjardins. Même dans ce cas, il faudrait de 8 à 12 mois au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) pour tenir des audiences publiques et édicter les nouvelles règles, ajoute-t-il.

Un porte-parole d'Orange, Tom Wright, a confirmé hier à l'agence Bloomberg l'intérêt de son groupe pour le marché canadien. «Compte tenu du transit de touristes et de professionnels entre la France et le Canada, le marché canadien peut être intéressant pour Orange Horizons», a-t-il déclaré, précisant toutefois que cela ne se ferait pas de si tôt. L'entreprise détenue à 27% par le gouvernement français a lancé en janvier sa filiale Horizons pour développer de nouveaux marchés.

Rogers, Telus et BCE avaient été durement frappées dès les premières rumeurs de l'incursion du puissant opérateur américain Verizon en terres canadiennes, l'été dernier. Leurs actions ont chuté de 12%, 12% et 5,6%, respectivement, entre le 14 juin, quand la presse financière torontoise a sonné l'alarme la première fois, et le 14 août, quand les craintes ont commencé à s'apaiser. Le trio a repris tout le terrain perdu après que Verizon a renoncé à son projet canadien.

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LA RECOMMANDATION

Telus est le titre canadien de télécommunications le plus chaudement recommandé par la communauté financière. Au total, 16 analystes en prônent l'achat, tandis que 6 conseillent de le conserver en portefeuille et aucun ne préconise la vente, pour une note de 4,5 (5 étant le maximum). En comparaison, Rogers et BCE obtiennent une note de 4,0 et 3,7, respectivement, sur cette échelle établie par l'agence financière Bloomberg. Telus est notamment le favori des services de recherche de la BMO Marchés des capitaux et de la Financière Banque Nationale (FBN). Adam Shine, de la FBN, note que le dividende de l'entreprise de Vancouver augmente en moyenne de 10% par année.