Le Régime d'épargne-actions (REA) n'est plus que l'ombre de lui-même. Il ne recueille plus que quelques dizaines de millions de dollars d'épargne par année, comparativement aux centaines de millions, voire milliards, des grandes années. Il n'est pas dénué d'intérêt pour autant.

«Le Québec inc. d'aujourd'hui doit beaucoup au REA», rappelle Guy Le Blanc, fondateur de la firme COTE 100, de Saint-Bruno, et un partisan de la première heure du régime fiscal institué par Jacques Parizeau en 1979. Sans le REA, Alimentation Couche-Tard ne serait peut-être pas là, illustre-t-il.

COTE 100 se lance

Entreprise spécialisée en gestion de portefeuilles privés, COTE 100 a rouvert son Fonds RÉA II aux nouvelles cotisations pour l'année 2013, grâce à deux récents placements dans des entreprises québécoises admissibles au REA: une société active dans l'environnement et une nouvelle venue dans le secteur pharmaceutique. Ces investissements doivent encore recevoir l'aval de l'Autorité des marchés financiers (AMF) avant d'être publicisés.

Le bassin d'entreprises admissibles au REA est actuellement plutôt réduit, constate Guy Le Blanc. L'objectif premier du REA de COTE 100 est toujours d'obtenir un plein taux de déduction fiscale (100%) pour les détenteurs du fonds, ce qui restreint son champ aux seules entreprises québécoises de petite et moyenne capitalisation.

C'est ainsi que le fonds de COTE 100 cesse habituellement d'accepter les souscriptions en septembre au plus tard, faute de pouvoir s'engager à bien réinvestir ces sommes. Le fonds RÉA II de la firme montréalaise Fiera Capital, seul autre fonds du genre sur le marché, ferme ses comptes bien avant.

COTE 100 vise une souscription additionnelle de 1,3 million de dollars dans les prochaines semaines. La firme recueille environ 4 millions, bon an, mal an, pour ce fonds fleurdelysé, dont la moitié provient du roulement de cotisations arrivées à terme. «C'est un petit fonds et quelque chose d'un peu anachronique dans notre organisation, dont l'activité principale est la gestion de fortunes privées», note le patriarche. Le fonds de Fiera est six fois plus gros.

Maigre rendement

La valeur du Fonds RÉA de COTE 100, dont la moitié du portefeuille est aujourd'hui investie dans Groupe de jeux Amaya, Ergorecherche et Novik, est de près de 10$, comme à son ouverture, après les frais de gestion. De même, la personne qui a investi 1000$ dans le fonds québécois de Fiera il y a 10 ans détenait 1087$ au relevé de février, ce qui donne un maigre rendement annuel composé de 0,8%.

Rappelons que le Régime d'épargne-actions encourage l'achat de nouvelles actions de petites et moyennes sociétés québécoises, par définition plus risquées, grâce à une déduction fiscale du gouvernement du Québec. Un investisseur peut y consacrer jusqu'à 10% de son revenu net de l'année. Ainsi, une cotisation de 5000$ vaudra une déduction fiscale de 1200$ au contribuable qui se trouve dans la tranche d'imposition la plus élevée (taux marginal d'imposition de 24%). La durée de détention est maintenant de deux ans (trois 31 décembre). L'apport minimal initial pour les deux fonds REA est de 2000$.

Au cours des belles années de l'ancien REA, soit de 1983 à 1987, les Québécois avaient investi plus de 5 milliards dans l'achat de ces actions. Plusieurs de ces appels publics à l'épargne ont fait la fortune des investisseurs de la première heure, cependant que beaucoup se sont brûlés lors du krach du 19 octobre 1987. Le REA première génération a ensuite périclité et pris fin en 2003. Le gouvernement libéral a relancé le régime en 2009 après un long moratoire, mais sans grand effort de promotion, déplore Guy Le Blanc.