Le raider a encore frappé! L'investisseur milliardaire Carl Icahn, qui compte parmi les plus respectés de Wall Street, a sonné l'alarme hier alors que la Bourse de New York s'apprêtait à établir de nouveaux jalons.

Porté par la reprise boursière dite «du père Noël», l'indice Dow Jones a franchi la barre des 16 000 points, et le S&P 500 est passé au-dessus du seuil psychologique des 1800 points, à l'ouverture des marchés, hier. De son côté, le marché électronique NASDAQ flottait à des niveaux jamais vus depuis septembre 2000, après l'explosion de la bulle internet.

Carl Icahn, qui a récemment empoché une très belle plus-value sur Netflix [[|ticker sym='NFLX'|]] , a cependant refroidi les ardeurs en après-midi en claironnant que «le marché pourrait facilement faire une grosse chute». L'investisseur activiste, qui s'exprimait au cours du sommet Reuters sur les perspectives globales d'investissement, s'est dit «très prudent sur les actions».

L'homme d'affaires de 77 ans estime que les résultats de nombreuses entreprises ne sont que des «mirages». Selon lui, les bénéfices des entreprises sont alimentés par un environnement de faibles taux d'intérêt plutôt que par de forts managements.

En clôture, le Dow Jones des industrielles contient ses gains de la journée à 14 points seulement et clôture à 15 976, néanmoins un nouveau sommet. Le S&P 500, qui s'alignait pour son 37e plus haut annuel, recule plutôt de 7 points, à 1791. Le NASDAQ abandonne près de 1% de sa valeur.

«C'est un mouvement typique quand on franchit de tels caps, commente Peter Cardillo, de Rockwell Global Capital. Cela invite des investisseurs à vendre.»

Une grande année

Un excellent millésime s'annonce pour Wall Street. Depuis le 1er janvier 2013, le Dow Jones a gagné près de 22% et le S&P 500, 26%, des progressions annuelles inégalées depuis 2003. Le Dow a notamment arraché huit points de pourcentage depuis le début de septembre, alors que l'on craignait le pire pour les marchés boursiers, qui paraissaient particulièrement surchauffés.

La Bourse est portée par une vague d'optimisme depuis l'audition la semaine dernière de Janet Yellen, qui doit diriger la banque centrale américaine après le départ, à la fin de janvier, de Ben Bernanke. Mme Yellen, à son tour décrite comme «Mère Noël» par certains observateurs, a fermement défendu au Sénat la politique actuelle, très accommodante, de la Fed qui profite largement aux marchés financiers.

La Chine réjouit les investisseurs

La Chine a aussi réjoui les investisseurs, hier. L'indice Hang Seng des entreprises chinoises a bondi de 5,7%, son plus fort gain en deux ans, après que Pékin a annoncé son projet de s'ouvrir davantage à l'économie de marché. Le plan augmente «significativement» son potentiel de croissance et réduit les risques macroéconomiques, note Jun Ma, chef économiste à la Deutsche Bank. La banque allemande prévoit une croissance de 20 à 25% de la Bourse chinoise dans les 12 prochains mois.

Mais les investisseurs étaient aux aguets après six semaines de bonnes performances de la Bourse américaine, font aussi remarquer les stratèges de Wells Fargo Advisors. Une rotation sectorielle s'installe d'ailleurs, les investisseurs prenant des bénéfices sur des valeurs technologiques en vogue, mais risquées, comme Facebook ou Twitter, pour réinvestir dans des secteurs plus traditionnels tels les banques ou les télécoms.

Les professionnels font remarquer que le mince calendrier, hier, ne fournissait pas aux investisseurs de quoi se porter massivement à l'achat. Un indicateur mesurant le niveau de confiance des constructeurs immobiliers, publié par l'Association nationale des constructeurs, marquait le début d'une série de données économiques cette semaine, notaient les analystes du cabinet Charles Schwab.