Le succès annoncé de l'entrée en Bourse de Twitter semble se confirmer: le site de microblogs a revu ses ambitions à la hausse lundi et espère désormais lever jusqu'à 2 milliards de dollars.

Dans une mise à jour de son projet d'introduction en Bourse consultable sur le site internet du gendarme boursier américain (SEC), Twitter dit viser à présent un prix unitaire compris entre 23 et 25 dollars, contre 17 à 20 dollars annoncés jusqu'ici.

Cette décision «en dit beaucoup sur le succès du «road show» de l'entreprise», la tournée de présentation auprès des investisseurs institutionnels entamée la semaine dernière, commente le site d'analyses 247wallst.com, pour qui «jusqu'ici, la stratégie prudente de Twitter semble payer».

Mis en garde par les déboires de son grand rival Facebook, dont la propre introduction en Bourse l'an dernier avait tourné à la catastrophe, Twitter a jusqu'ici fait profil bas.

Les conditions initiales de son introduction en Bourse le valorisaient seulement autour de 10 milliards de dollars quand certains analystes avaient espéré le double. Plusieurs experts n'avaient d'ailleurs pas exclu que Twitter ait volontairement choisi de démarrer avec une fourchette basse, pour mieux pouvoir la relever ensuite.

Twitter prévoit toujours d'introduire 70 millions d'actions sur le New York Stock Exchange sous le symbole «TWTR», avec une option de surallocation pour 10,5 millions de titres supplémentaires en cas de forte demande.

La date de l'opération n'est toujours pas confirmée, mais toutes les spéculations s'orientent vers une annonce du prix définitif mercredi soir pour une première cotation jeudi.

La nouvelle fourchette permettrait de lever entre 1,6 milliard de dollars si le prix minimal est retenu et seulement 70 millions de titres émis, et 2 milliards avec l'option de surallocation et le prix maximal de 25 dollars.

Toujours déficitaire

Sur la base d'environ 555 millions de titres Twitter en circulation après l'introduction en Bourse (en tenant compte de l'option de surallocation), la nouvelle fourchette valorise l'ensemble du groupe entre 12,8 et 13,9 milliards de dollars.

Twitter n'a pourtant réalisé que 422 millions de chiffre d'affaires sur les neuf premiers mois de 2013, et il a toujours été déficitaire avec une perte nette d'encore 134 millions de dollars sur la même période.

Sa valorisation boursière repose sur un pari quant à son potentiel de croissance.

Twitter n'atteindra probablement jamais la taille de Facebook et son vivier de plus d'un milliard de membres, reconnaissent beaucoup d'analystes.

Parmi ses 232 millions d'utilisateurs figurent toutefois un nombre important de vedettes de la musique et du cinéma, de sportifs, d'hommes politiques, de médias ou de marques qui l'ont intégré à leur stratégie de communication.

Une étude publiée lundi par le centre de recherche Pew montre aussi que si seulement 8% des adultes américains recherchent des informations sur Twitter, contre 30% sur Facebook, les utilisateurs de ce dernier sont généralement plus jeunes, plus mobiles et ont un niveau d'éducation plus élevé.

Les analystes estiment généralement que cette démographie offre à Twitter de fortes opportunités de monétisation par la publicité, qui constitue l'essentiel de ses revenus comme pour les autres services gratuits sur internet.

Parmi les incertitudes relevées par les experts figurent l'absence de données sur les annonceurs publicitaires de Twitter ou encore la part importante de ses utilisateurs sur des marchés internationaux où la publicité en ligne est moins mature et rapporte donc moins qu'aux États-Unis.

Le réseau social est aussi à la merci de changements législatifs, en particulier sur la protection des données privées.

Et il n'est pas épargné par la guerre des brevets que se livrent les géants du secteur technologique devant les tribunaux du monde entier: il indique lundi dans son document boursier avoir reçu une lettre du groupe informatique IBM l'accusant d'avoir enfreint au moins trois de ses brevets, et dit s'attendre à ce que le nombre de plaintes à son encontre liées à des questions de propriété intellectuelle aille croissant.