Wall Street et Bay Street ont terminé la semaine sur une note positive, parvenant à se détacher des craintes liées à l'arrêt forcé de nombreux services de l'État américain, pour retrouver un certain optimisme.

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Les marchés à la clôture:

TSX 12 758,58 / +23,46 (0,18%)

Dow Jones 15 072,58 / +76,10 (0,51%)

S&P 500 1 690,50 / +11,84 (0,71%)

NASDAQ 3 807,75 / +33,41 (0,89%)

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Malgré l'absence d'avancées concrètes à Washington, «il y a des signes qu'un compromis va être trouvé; le président de la Chambre (John Boehner, NDLR) a réitéré le fait qu'il ne voulait pas d'un défaut de paiement, et Obama a annulé son voyage en Asie» pour lequel il devait partir samedi, a commenté Peter Cardillo, de Rockwell Global Capital.

Le président républicain de la Chambre des représentants a déclaré vendredi: «Les Américains ne veulent pas de paralysie de leur État fédéral, et moi non plus». «Tout ce que nous demandons est de nous asseoir, d'avoir une discussion, de rouvrir l'État fédéral», a-t-il ajouté.

Faute d'un accord sur le budget au Congrès, les administrations centrales des États unis sont partiellement fermées depuis mardi matin, ce qui a empêché la publication du rapport sur l'emploi et le chômage aux États-Unis, très surveillé sur les marchés.

Par ailleurs, quelque 900 000 fonctionnaires fédéraux, soit 43% des effectifs, ont été mis d'office en congés sans solde, selon les chiffres du site GovExec, ce qui a alimenté des craintes pour la croissance ces derniers jours.

D'autant que derrière ce premier obstacle pointe la question du relèvement du plafond légal de la dette, prérogative du Congrès et nécessaire d'ici au 17 octobre.

Mais les analystes de la banque Wells Fargo voyaient dans le rebond de Wall Street vendredi «un plus grand optimisme sur le fait que les élus puissent parvenir à un accord» sur ces deux sujets.

Les négociations étaient censées se poursuivre au cours du week-end.

Du côté des valeurs, «neuf secteurs sur dix étaient en hausse», ont noté ces analystes, précisant que le seul maillon faible du jour était le secteur des télécommunications.

«L'entrée en Bourse de (la chaîne de restaurants américains, NDLR) Potbelly et l'annonce de l'intention de Twitter d'être également coté génère à nouveau un peu d'excitation», a aussi souligné Jay Morelock, de FTN Financial.

L'action de la chaîne de sandwicheries Potbelly, pour son premier jour sur le Nasdaq, a plus que doublé à 30,77 dollars.

Le titre du réseau social Facebook (+3,78% à 51,04 dollars) a lui profité de l'annonce de l'arrivée «dans les prochains mois» de la publicité sur Instagram, l'application de partage de photos rachetée par le groupe.

Certains poids lourds de la high-tech ont néanmoins terminé dans le rouge, notamment le groupe informatique Apple (-0,71% à 479,96 dollars) et le géant de l'Internet Google (-0,30% à 873,47 dollars).

Les valeurs bancaires américaines ont engrangé quelques gains: Citigroup (+1,53% à 49,14 dollars), Bank of America (+0,36% à 14,05 dollars) ou encore JPMorgan Chase(+1,41% à 52,67 dollars). Le PDG de JPMorgan Jamie Dimon, a renoncé à son titre de président de la filiale de banque de dépôt, a appris vendredi l'AFP.

M. Dimon avait vu au printemps son poste de président du groupe financier contesté par des actionnaires qui voulaient le séparer de la fonction de directeur général en raison de problèmes légaux croissants auxquels fait face JPMorgan.

L'action en vogue du constructeur de voitures électriques californien Tesla a repris son ascension vendredi (+4,43% à 180,98 dollars) après avoir pâti la veille d'un incendie survenu sur un Model S dans le nord-ouest des États-Unis. Elle avait dégringolé jusqu'à 168 dollars, contre 193 dollars deux jours plus tôt.

Le marché obligataire s'est replié. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a progressé à 2,652% contre 2,606% jeudi soir, et celui à 30 ans à 3,732% contre 3,707% la veille.

Les affaires continuent

Les courtiers de Wall Street sont consternés par la paralysie qui frappe les services gouvernementaux depuis mardi mais n'en décident pas pour autant de déserter les salles de marchés.

«On ne met pas les pieds sur le bureau en se disant "bon, le gouvernement ne travaille pas, pourquoi est-ce que moi je devrais travailler?"» assure Art Hogan, responsable des investissements pour la société de courtage Lazard Capital Markets. «Ce n'est pas comme ça que le problème se présente. Les entreprises ne peuvent pas fermer.»

«Autour de moi, les télés restent branchées sur CNBC», la chaîne de télévision qui diffuse en continu un patchwork d'informations financières à grand renfort de bandeaux roulants et de fenêtres tournantes, remarque pour sa part Charles St-Arnaud, économiste à la banque Nomura. «On continue de surveiller les fils d'information sur nos écrans d'ordinateurs».

La mise en congés forcés de centaines de milliers de fonctionnaires n'a pas empêché le propriétaire du mythique Empire State Building de faire ses premiers pas sur le New York Stock Exchange mercredi.

La SEC, le gendarme des marchés américains, reste totalement opérationnelle et jeudi soir, Twitter a bien tenté d'émoustiller les investisseurs en publiant officiellement ses documents d'entrée en Bourse sur le site de l'institution.

La banque centrale américaine poursuit comme si de rien n'était ses émissions d'obligations.

Et les courtiers continuent à préparer leurs fiches à l'approche de la saison des résultats des entreprises.

«On aurait bien sûr adoré pouvoir avoir le rapport mensuel sur l'emploi», dont la parution a été reportée à une date ultérieure, déplore Mace Blicksilver, de la société de gestion de portefeuille Marblehead Asset Management. Différents ministères ont en effet cessé de diffuser leurs indicateurs et sans ces chiffres qui permettent de prendre le pouls de la première économie mondiale, «on navigue un peu à vue», observe-t-il.

Mais l'automne est aussi le temps de la rentrée dans les salles de marché et après la torpeur de l'été, «tout est reparti à plein gaz», selon lui.

Les volumes échangés ne sont certes pas très élevés. «Mais ils sont relativement faibles depuis plusieurs semaines déjà, notamment depuis que la Fed a surpris avec sa décision de ne pas réduire son programme de rachat d'actifs», note Charle St-Arnaud.

Le seul changement notable à ses yeux est que les acteurs du marché «regardent avec beaucoup plus d'attention tout ce qui se passe à Washington»: pour tenter de déceler tout signe d'une avancée dans les négociations sur le budget ou le relèvement du plafond de la dette, ils prêtent une oreille plus attentive que d'habitude à chaque fois que le président Barack Obama ou le chef de file des Républicains John Boehner prononce quelques mots.

L'incertitude ambiante pousse en revanche le établissements financiers, comme l'ensemble des entreprises, à retarder certaines décisions, selon Art Hogan.

«Ce n'est pas maintenant qu'on va embaucher quelqu'un ou faire des changements majeurs dans notre stratégie d'investissement», dit-il. Et à un niveau plus mineur, «si j'ai besoin d'acheter une nouvelle photocopieuse ou de réserver une salle pour une conférence au printemps, je vais attendre».

Mais sa charge de travail en tant que tel ne diminue pas: «Au lieu de me concentrer dans mon rapport du vendredi sur les indicateurs de la semaine, je vais me pencher sur les conséquences qu'ont eues les précédents épisodes de fermeture des services publics sur les indices.»