Il n'y a pas que des mûres dans le champ technologique canadien. Plusieurs titres des technologies de l'information connaissent une forte progression boursière depuis le début de l'année. Et le meilleur serait à venir.

«Il fallait se forcer pour se tromper avec les investissements technologiques au cours des derniers mois!», lance l'analyste chevronné Kris Thompson, de la Financière Banque Nationale (FBN), dans un bulletin récent sur l'industrie.

Il avait conseillé aux investisseurs au début de l'année d'éviter les sociétés BlackBerry et DragonWave. La première a abandonné 8% de sa valeur depuis janvier alors que les ventes du téléphone multifonctions BB10 peinent à lever. La seconde, une petite entreprise d'Ottawa qui fabrique de l'équipement micro-ondes pour les réseaux IP de prochaine génération, accumule les pertes depuis plusieurs trimestres, ce qui lui vaut aussi la défaveur des investisseurs.

La liste des coups de coeur de Kris Thompson était toutefois digne de Casanova. Y figuraient les titres de technologies de l'information Groupe CGI, Open Text, MacDonald Dettwiler, Constellation Software et Mediagrif. S'y ajoutaient l'entreprise ontarienne Sandvine, qui supervise la technologie de réseaux, et le fabricant de systèmes de surveillance Avigilon, de Vancouver.

La FBN continue de recommander tous ces titres, qui ont facilement battu l'indice composé S&P/TSX par plus de 1% depuis le début de l'année. Les premiers, y compris Mediagrif de Longueuil, sont cités pour leur potentiel de croissance par acquisitions ciblées dans les secteurs des logiciels d'entreprise et des technologies de l'information. Avigilon tombe pour sa part dans la catégorie des entreprises à forte croissance dans la vidéosurveillance par internet.

Kris Thompson accueille aussi favorablement deux nouveaux titres sur le marché. La jeune société Halogen Software, qui conçoit des logiciels de gestion des talents, a «les ressources de trésorerie pour cibler une croissance continue», selon l'analyste. La banque d'investissement Financial Capital Difference, ciblée sur les occasions technologiques, est aussi considérée. Elle est devenue ouverte à la suite d'une récente prise de contrôle inversée.

Pas trop tard

Il n'est pas trop tard pour investir dans la technologie. «Nous sommes juste au début de ce qui pourrait être un long cycle de croissance», rappelle l'analyste de la FBN. Les sociétés-vedettes du commerce électronique Groupe CGI, Open Text et MacDonald Dettwiler s'échangent à un multiple de moins de 15 fois les profits prévus pour 2014. Constellation Software a un ratio cours sur bénéfices supérieur, mais une acquisition prochaine pourrait justifier cet écart, affirme Kris Thompson. Quant à Avigilon, encore plus cher, «avec une croissance organique des revenus d'environ 75%, le titre mérite une prime de bonne santé».

En comparaison, l'indice composé du NASDAQ représente 14 fois les profits attendus en 2014 et l'indice Russell 2000 cote à un peu plus de 16 fois.

Le secteur canadien des technologies pourrait profiter de multiples plus élevés quand les investisseurs canadiens y investiront plus d'argent, ce dont ne doute pas l'analyste de la FBN.

D'autant plus que le secteur des technos profite d'une vague de fusions et acquisitions depuis quelques années. Depuis 2011, de nombreuses sociétés technos canadiennes de petite taille, comme Lorex Technology, Technologies 20-20, Miranda Technologies, RuggedCom, Gennum, March Networks et Mosaid, ont toutes été avalées, en majorité par des acquéreurs étrangers.

La taille moyenne des transactions a presque doublé depuis un an (jusqu'à environ 60 millions, depuis le début de l'année, en moyenne). Les primes payées par rapport au cours de clôture précédent ont aussi augmenté de 20% l'an dernier à environ 31% depuis le début de 2013.

Des fournisseurs canadiens tels que le Groupe CGI, Open Text, MacDonald Dettwiler, Constellation Software et Mediagrif (entre autres) participent activement à la forte vague de fusions et acquisitions. Le portefeuille d'investissements de la Financière Capital Différence devrait également profiter de la tendance.



Des technos à connaître

Voici quelques titres technologiques canadiens en vue dans la communauté financière. Entre parenthèses, le cours en date de mardi dernier et le prix cible sur 12 mois établi par le consensus des analystes.

Groupe CGI

(35,56$; 39,38$)

Groupe CGI affiche la plus forte progression boursière parmi toutes les sociétés canadiennes de technologie depuis le début de l'année. Treize analystes en recommandent toujours l'achat malgré le prix élevé, six s'en tiennent à maintenir le titre en portefeuille et un seul est vendeur. Pour Maher Yaghi, de Desjardins Marchés des capitaux, l'entreprise montréalaise de services informatiques a toujours un bon potentiel d'appréciation alors que l'intégration de son concurrent européen Logica, acquis l'an dernier à prix d'aubaine, continue de montrer des bénéfices tangibles de trimestre en trimestre. Avec des flux d'encaisse annuels de plus de 1 milliard, CGI pourrait instaurer un premier dividende prochainement, estime Stephane Price, de CIBC Marchés mondiaux.

Open Text

(71,33$; 76,16$)

Abandonné au début de l'année faute d'avoir offert les rendements attendus, l'éditeur de logiciels de Waterloo, en Ontario, a regagné la liste des favoris de la Financière Banque Nationale en avril dernier à la faveur de revenus records et de l'introduction d'un premier dividende trimestriel de 30 cents par action. L'analyste Kris Thompson voit maintenant le titre de l'éditeur de l'application Livelink à 87,45$ d'ici 12 mois, pour un rendement de 23%.

MacDonald, Dettwiler and Associates

(79,62$; 84,76$)

MacDonald, Dettwiler and Associates, l'entreprise ayant récemment restauré le bras canadien qui a fait ses débuts dans l'espace en 1981, est recommandée par 9 analystes sur 13, dont Naser Iqbal, de la firme Salman Partners, qui voit le titre s'envoler jusqu'à 93,35$. MacDonald, Dettwiler vient de lancer à ses installations de Sainte-Anne-de-Bellevue les travaux pour la construction et le lancement de trois satellites d'observation terrestre de la constellation de satellites Radarsat, un projet de 706 millions. L'entreprise établie à Richmond, en Colombie-Britannique, «est un leader dans ce secteur très pointu et difficile à pénétrer», dit Philippe Le Blanc, de la firme COTE 100, de Saint-Bruno.

Constellation Software

(169$; 172,78$)

Constellation Software est une société torontoise de logiciels que la firme MEDICI Gestion de portefeuille stratégique considère comme exemplaire sur plusieurs plans: «performance économique, croissance incroyable, gouvernance impeccable». Les derniers résultats trimestriels, qui ont notamment fait état d'une croissance de 50% des revenus de licences, étaient «tout simplement incroyables» aux dires de Carl Simard, président de la firme de conseils en placement de Saint-Bruno. L'entreprise a conclu la plus importante transaction de son histoire cet été avec l'achat de l'américaine QuadraMed qui lui permet de percer le marché américain des logiciels de gestion du secteur de la santé. Les actions de Constellation ont gagné 500% en cinq ans.

Avigilon

(16,28$; 21,14$)

La Financière Banque Nationale vient de porter sur sa liste de favoris les actions du fabricant de systèmes de surveillance Avigilon. Selon l'analyste Kris Thompson, le recul récent du titre offre une belle occasion d'achat. Inscrite en Bourse il y a moins de deux ans, l'entreprise de Vancouver conçoit, fabrique et met en marché des systèmes de vidéosurveillance haute résolution par Wi-Fi pour le marché mondial de la sécurité. Elle met le paquet pour accroître ses ventes en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique où elle réalise déjà plus du quart de ses revenus. L'industrie du casino représente aussi un marché d'expansion pour Avigilon. L'entreprise connaît une croissance fulgurante. Ses revenus ont pratiquement doublé chaque année depuis 2009, jusqu'à atteindre les 100 millions en 2012.

Performance boursière de technos canadiennes

(Variation du 1er janvier au 20 août 2013)

Source: Bloomberg