Les actions d'Orbite Aluminae (T.ORT) ont sérieusement décroché en Bourse au cours des deux dernières séances, après que l'entreprise montréalaise qui promettait de révolutionner l'industrie de l'alumine a émis des inquiétudes sur la poursuite de ses affaires.

Titre chouchou des spéculateurs québécois jusqu'à cet été, Orbite a perdu près de 16% de sa valeur hier et ne valait plus que 50 cents à la clôture. C'est le 11e titre le plus transigé à Toronto avec 3,8 millions d'actions brassées. L'entreprise avait déjà abandonné 11% de sa capitalisation boursière lundi.

Orbite, qui construit une usine d'alumine de haute pureté à Cap-Chat, évoque clairement le risque d'illiquidité, dans un communiqué émis après la fermeture des marchés vendredi dernier. Le risque d'illiquidité s'entend du risque qu'une entreprise ne soit pas en mesure de faire face à ses obligations financières à l'échéance.

«La Société dispose de ressources financières limitées, elle n'a pas de produits récurrents et continue de compter sur l'émission d'actions et de titres d'emprunt ou sur d'autres sources de financement pour financer ses frais indirects, la construction, la mise en service et l'exploitation continue de son usine d'alumine de haute pureté ainsi que le développement de ses projets en phase de mise en valeur», peut-on lire dans le communiqué.

Au 30 juin dernier, la trésorerie et les placements à court terme de l'entreprise en phase de mise en valeur totalisaient 8,8 millions et son fonds de roulement positif (actifs courants moins passifs courants) s'établissait à 7,6 millions, ce qui, de l'aveu de la direction, est insuffisant pour mener à bien la construction et la mise en service de son usine d'alumine à haute pureté.

La situation financière d'Orbite s'est corsée quand les investisseurs pressentis pour un placement en actions et bons de souscription d'au moins 35 millions se sont désistés, à la fin du mois dernier. Les raisons du report n'ont pas été précisées. L'entreprise avait précédemment émis des actions en règlement d'arrérages aux constructeurs de l'usine.

Orbite dit s'efforcer d'obtenir des fonds à des conditions acceptables, mais ne peut rien promettre. Entre-temps, elle a ralenti le rythme des travaux d'exploration et de mise en valeur en cours. Ses charges opérationnelles ont aussi été réduites. Elle a notamment supprimé au début du mois les postes de vice-président au développement des affaires et de vice-président au développement durable.

Conseil d'administration

L'entreprise peut toutefois compter sur l'expérience de Claude Lamoureux, ancien PDG du Régime de retraite des enseignants de l'Ontario (Teachers'), qui a joint son conseil d'administration à la fin de mai. De nouvelles têtes secondent également le président Richard Boudreault à l'exploitation.

Orbite a breveté une technologie qui permet d'extraire de l'alumine, la matière première de l'aluminium, à partir d'argile. L'entreprise a fait tester son procédé en laboratoire, puis dans une usine-pilote située à Cap-Chat, en Gaspésie, non loin de son gisement de Grande-Vallée, qui contiendrait 1 milliard de tonnes d'argile alumineuse.

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LA RECOMMANDATION

Les actions d'Orbite Aluminae n'intéressent plus que trois analystes financiers, dont l'analyste Jonathan Hykawy, de la firme Byron Capital, qui invitait déjà les investisseurs à vendre le titre à découvert lorsqu'il valait encore plus de 3 $. Les deux seuls analystes à en recommander l'achat sont liés à des firmes qui ont participé aux financements passés d'Orbite, avec plus ou moins de succès.