Les chances d'un rachat du groupe informatique américain Dell (DELL) par son PDG sont remontées vendredi après une nouvelle amélioration de l'offre de Michael Dell, qui a aussi obtenu un mode de consultation des autres actionnaires a priori plus favorable.

Le «comité spécial» qui supervise l'opération au sein du conseil d'administration a annoncé que le PDG proposait désormais 13,75 dollars par action, assortis d'un dividende spécial de 13 cents.

Avec une valeur totale de 13,88 dollars par action, la nouvelle proposition représente une rallonge d'au moins 350 millions de dollars par rapport aux 24,4 milliards du projet initialement annoncé début février.

Le nouvel accord de Michael Dell avec le comité spécial offre en outre aux actionnaires la garantie qu'ils toucheront un dividende de 8 cents pour le troisième trimestre, même si le rachat était bouclé avant la date normale de son paiement. Cela représente un total de 120 millions de dollars.

Michael Dell avait proposé initialement 13,65 dollars par action, un prix jugé insuffisant par une série de grands actionnaires.

Même au nouveau prix, le deuxième actionnaire du groupe, l'investisseur activiste Carl Icahn, reste le plus ardent opposant au projet. «La guerre autour de Dell est loin d'être terminée», a-t-il prévenu vendredi dans un communiqué.

Il estime avoir «gagné une bataille» avec la reconnaissance que l'offre initiale était trop basse, mais «une augmentation d'à peine 13 cents est une insulte aux actionnaires».

Le PDG s'était dit prêt la semaine dernière à un relèvement déjà symbolique de 10 cents, mais à condition que l'organisation du vote des actionnaires soit modifiée, ce que refusaient catégoriquement Carl Icahn et ses alliés.

Le comité spécial avait également rejeté cette demande mercredi. Le nouveau dividende spécial lui a fait changer d'avis.

Vote repoussé au 12 septembre

Le taux d'acceptation du projet de rachat par les actionnaires sera finalement calculé seulement par rapport au nombre de titres présents ou représentés lors du vote. Jusqu'ici c'est l'ensemble du capital qui faisait référence, ce qui revenait à comptabiliser les abstentions (évaluées à 23% la semaine dernière) comme des «non» et donc à pénaliser le PDG, qui lui-même ne participe pas au scrutin.

La date de détention des titres qui fait référence pour avoir le droit de voter va également être repoussée, du 3 juin au 13 août.

«Nous nous assurons que tous les actionnaires, y compris ceux qui ont acquis leurs titres depuis le 3 juin, aient une chance de voter pour ou contre la transaction», a expliqué le président du comité spécial, Alex Mandl, réitérant son soutien au projet.

Carl Icahn l'accuse pour sa part de «faire pencher la balance en faveur de son PDG».

La nouvelle date de référence et le changement du mode de calcul des résultats du vote «augmente grandement la probabilité d'obtenir l'accord des actionnaires», juge aussi l'agence de notation financière Fitch.

Cet avis semblait partagé à la Bourse de New York, où l'action Dell a clôturé sur un gain de 5,60% à 13,68 dollars.

Les annonces de vendredi ont entraîné un troisième report de l'assemblée générale extraordinaire devant permettre aux actionnaires de se prononcer sur le projet. Elle est désormais prévue le 12 septembre à 10 h.

Michael Dell, toujours premier actionnaire de la société qu'il avait créée au milieu des années 1980 dans sa chambre d'université, essaye depuis début février de convaincre qu'il faut retirer Dell de la Bourse pour l'adapter plus sereinement à la crise du marché des PC.

Carl Icahn, réputé pour ses opérations boursières hostiles, milite au contraire pour que le groupe reste coté, mais s'endette et puise dans ses liquidités pour lancer un gigantesque programme de rachat d'actions au prix unitaire de 14 dollars.

Si le projet de Michael Dell est rejeté, Carl Icahn espère faire tomber la direction du groupe lors de l'assemblée générale annuelle, que Dell a annoncé vendredi pour le 17 octobre.

Carl Icahn détient lui-même 8,6% du capital. Avec les titres de son allié, le fonds Southeastern Asset Management, il arrive à 13%. Michael Dell et ses proches contrôlaient pour leur part 15,6% le 22 mai.