Les investisseurs obtiendront un peu plus d'information jeudi matin au sujet de la CSeries lorsque les analystes discuteront avec la haute direction de Bombardier (T.BBD.B) au sujet des résultats trimestriels de l'entreprise.

La performance financière sera assurément relayée au second plan lorsque les analystes poseront leurs questions durant la téléconférence à laquelle participeront le pdg, Pierre Beaudoin, et le chef des finances, Pierre Alary.

David Newman, de la firme Cormark Securities à Toronto, est l'un des analystes qui s'attendent à soutirer de la direction des précisions sur la CSeries. Des questions sur l'échéancier et les coûts de développement de la CSeries sont à prévoir.

«Ça représente tout un défi de prévoir l'entrée en service de l'appareil CS100 pour l'été prochain et du CS300 pour la fin de l'année prochaine. Il y a des chances que ces objectifs soient révisés», dit-il.

À la Banque Scotia, l'analyste Turan Quettawala croit que les premières livraisons d'avions de la CSeries à des clients risquent d'être repoussées à 2015 et il estime que chaque mois de retard entraînera des dépassements de coûts allant de 30 à 40 millions de dollars.

Bombardier a annoncé mercredi dernier que le vol inaugural de la CSeries était reporté de «quelques semaines» et qu'il n'aurait pas lieu avant la fin de juillet tel qu'annoncé il y a un mois.

En faisant son annonce, l'entreprise en a profité pour placer sur son site web (www.cseries.com) une vidéo de deux minutes qui montre les moteurs d'un avion de la CSeries qui tournent pour la première fois à Mirabel.

La direction de Bombardier a ainsi fait savoir, la semaine dernière, que l'intégration à l'avion des moteurs fabriqués par Pratt&Whitney se déroulait bien, mais que les dernières étapes, hautement techniques, nécessitaient plus de temps que prévu, d'où l'annonce d'un délai additionnel.

À titre de comparaison et pour tenter de savoir quand le vol inaugural pourrait se dérouler, David Newman rappelle qu'Airbus a fait tourner les moteurs de son A350 15 jours avant son vol inaugural et que Boeing a fait tourner ceux du 78 713 jours avant son premier vol d'essai.

À la Banque Nationale, l'analyste Cameron Doerksen s'attend à ce que le premier vol d'essai de la CSeries survienne à la mi-août, tandis que Turan Quettawala pense que le vol pourrait être repoussé à l'automne.

«Je crains qu'il y ait encore des choses à régler avec les logiciels parce qu'il semble que les pilotes et Transport Canada pourraient avoir exigé de nouvelles mises à jour.»

Chez Raymond James, Steve Hansen a retiré sa recommandation d'achat à la fin de la dernière semaine.

«Ma décision est principalement liée à la récente appréciation en Bourse, mais aussi parce que l'annonce d'un délai est un autre sobre rappel de la complexité associée au lancement d'un nouvel appareil.»

Cet analyste souligne qu'il y a une «montagne de risques» associés au programme d'essais en vol qui, de l'avis même de la direction, était déjà comprimé dans un échéancier relativement serré.

Il n'y aura plus d'excuses

Chose certaine, une fois que le vol inaugural aura eu lieu, il n'y aura plus d'excuses pour les commandes, souligne Kevin Chiang, de la CIBC, dans sa plus récente note à ses clients.

L'équipe de ventes de Bombardier devra démontrer aux sceptiques qu'il existe un marché pour la CSeries, et le seul moyen de le prouver sera d'accumuler les commandes.

L'action de Bombardier a gagné environ 30% depuis le début de l'année (principalement dans les trois derniers mois) et près de 70% depuis son creux de l'automne. Malgré cette poussée, le titre traîne encore la patte derrière Boeing, Airbus (EADS) et Embraer, qui sont tous en hausse d'environ 40% cette année.

Bombardier se négocie actuellement avec un escompte d'environ 30% par rapport à ses comparables.

Pour ce qui est des résultats qui seront présentés jeudi, Walter Spracklin, chez RBC, mentionne que Bombardier vient de boucler un très bon trimestre. Il précise que de nouvelles commandes dépassant les 4 milliards de dollars ont été enregistrées par les divisions Transport et Aéronautique durant les mois d'avril, mai et juin.