Après la vague de résultats financiers des deux dernières semaines, une deuxième lame plus importante encore, mais toujours marquée au coin de la prudence, s'annonce du côté des grandes entreprises canadiennes inscrites en Bourse le mois prochain.

Quelque 156 des 237 entreprises constituant l'indice composé S&P/TSX dévoileront alors leur performance pour le deuxième trimestre de 2013. Elles représentent ensemble les deux tiers de la valeur de ce club sélect. Près de 30% ont déjà ouvert leurs livres ce mois-ci.

Les attentes sont basses pour cette période de lente croissance économique. Les analystes financiers sondés par l'agence financière Bloomberg prévoient une hausse moyenne de 1,5% des profits des entreprises membres du TSX par rapport à la même période de l'année dernière. Il s'agit néanmoins d'un retournement comparativement au printemps où les pronostics étaient nettement plus sombres.

Les attentes sont deux fois plus élevées aux États-Unis, même si les analystes ont abaissé leurs estimations au cours des dernières semaines. Au début d'avril, ils s'attendaient encore à une croissance de 6,1% des bénéfices des grandes sociétés américaines.

Parmi les grandes entreprises canadiennes, celles des secteurs de la santé et des technologies de l'information devraient afficher la plus forte croissance de leur résultat net, note Stéfane Marion, économiste en chef et stratège à la Banque Nationale. Pour leur part, les entreprises de services publics, de matériaux et de télécoms, déjà durement pénalisées en Bourse depuis le début de l'année, encaisseraient les pires baisses de rentabilité.

«Heureusement, les prévisions de bénéfices commencent à se stabiliser, particulièrement dans les secteurs de l'énergie et des services financiers, si importants, où les prévisions à 12 mois sont reparties à la hausse», note M. Marion.

L'indice de diffusion des révisions des bénéfices du secteur de l'énergie, qui compte pour 25% de l'indice S&P/TSX, est le plus solide depuis deux ans. La ronde de dévoilements bancaires commencera par ailleurs le 27 août avec des gains attendus de 6,5% en moyenne.

L'optimisme des analystes pour le secteur de l'énergie repose sur la nette amélioration des prix du pétrole canadien, qui ont doublé en dollars canadiens depuis le début de l'année. L'augmentation de la capacité de livraison par rail a beaucoup aidé à réduire l'écart entre le Western Canadian Select et le West Texas Intermediate (WTI) depuis le début de l'année.

«À ce stade-ci, nous considérons que le prix du pétrole est plutôt haut [nous pensons que le WTI devrait se situer dans une fourchette de 85 à 90$US] et prévoyons que la diminution de l'écart avec le WTI durera. C'est une bonne nouvelle pour les producteurs pétroliers canadiens», poursuit le stratège de la Nationale.

Les cours du TSX représentent 15 fois les profits prévus cette année des entreprises participantes, comparativement à seulement 13 fois en mai dernier et à un multiple moyen de 14,5 fois depuis le milieu des années 80. Cela suggère que l'allure prochaine de la Bourse sera étroitement liée à la performance des entreprises.

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LA RECOMMANDATION

Dans sa stratégie sectorielle, Stéfane Marion, économiste en chef et stratège à la Banque Nationale, réitère son penchant favorable pour les actions du secteur de l'énergie et recommande de sous-pondérer les titres liés à la consommation de base, à la consommation discrétionnaire, aux télécommunications et aux services publics. Pour la sélection des titres individuels, il recommande de privilégier les sociétés susceptibles de profiter de la dépréciation du dollar canadien, qui devrait se négocier dans une fourchette plus large autour de 95 cents US au cours de la prochaine année après trois ans autour de la parité.

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DÉCLARATIONS DES RÉSULTATS TRIMESTRIELS

Mois / Nombre d'entreprises / Part de la capitalisation du TSX

Juillet / 602 / 9,8%

Août / 1566 / 6,3%

Septembre / 9 / 1,6%

Total* 2259 / 7,7%

*: inclut des résultats parus auparavant

Sources : Bloomberg et Financière Banque Nationale

VARIATIONS PRÉVUES DES BÉNÉFICES (SUR UN AN)

Technologies de l'information + 287%

Soins de la santé + 101,9%

Industrie + 13,3%

Finance + 6,7%

Consommation discrétionnaire + 4,8%

Énergie + 3,5%

Consommation de base + 1,8%

Indice composé TSX + 1,5%

Télécoms - 7,8%

Matériaux - 18%

Services publics - 71,8%

Sources : Bloomberg et Financière Banque Nationale