Le grand manitou des marchés émergents Mark Mobius est de passage à Montréal cette semaine pour tenter d'apaiser les craintes des investisseurs.

En tant que président exécutif de la division des marchés émergents chez Franklin Templeton, Mark Mobius est appelé à voyager partout dans le monde à l'année.

Il est débarqué à Montréal dimanche en provenance d'Europe et prend aujourd'hui l'avion pour Toronto, où il passera le reste de la semaine avant de se rendre à New York pour mieux repartir ensuite vers l'Europe.

Mark Mobius avait rendez-vous hier midi à Montréal avec une centaine de personnes, principalement des conseillers financiers.

Les craintes des gens se résument à deux choses: une éventuelle réduction du soutien de la Fed à l'économie américaine et la volatilité.

«Les gens sont inquiets parce que le problème posé par la volatilité prend de l'ampleur en raison de la négociation à haute fréquence, à cause des hedge funds [fonds spéculatifs] et en raison des recours à l'effet de levier.»

Meilleur rendement

Essentiellement, son message pour rassurer est le suivant: à long terme, les marchés émergents ont offert un meilleur rendement que les marchés développés et ils continueront de le faire.

Il cite trois principales raisons.

La première est que la croissance économique moyenne cette année sera supérieure à 5% dans les pays émergents, ce qui se compare, dit-il, avec une croissance d'environ 1% dans les pays développés. «La croissance économique est réellement ce qui permet de générer les profits des entreprises», dit Mark Mobius.

En second lieu, il évoque les niveaux d'endettement. «Les ratios de dette par rapport au PIB dans les pays développés sont en hausse comparativement à ceux dans les pays émergents.»

Troisièmement, Mark Mobius souligne que depuis 2004, les réserves obligataires des pays émergents surpassent celles des pays développés. Cela sous-entend que les énormes liquidités des pays émergents (la Chine, par exemple) permettent d'investir ou de réagir plus facilement et avec plus d'impact lorsque le besoin s'en fait sentir.

La taille des marchés émergents est par ailleurs beaucoup plus importante que les gens semblent l'imaginer, selon lui.

«En pourcentage de la capitalisation boursière mondiale, les marchés émergents ont un poids de 35%. C'est un gros chiffre. Les gens ne le réalisent pas. Au Canada, les gens ont une exposition moyenne de 3% à 5% seulement aux marchés émergents.»

Les marchés en développement

Ces jours-ci, ce qui inspire encore davantage Mark Mobius que les marchés émergents sont les marchés en développement (frontier markets) comme le Nigeria, le Kenya, le Kazakhstan, le Ghana, la Roumanie, le Viêtnam, le Pakistan et la Birmanie.

Il affirme que ces pays se situent aujourd'hui au niveau des pays émergents en 1987.

Les marchés en développement sont de petits pays, pas nécessairement pauvres, qui passent sous le radar des économistes et des analystes.

«Ce sont les pays qui vont générer la croissance future des marchés émergents», dit-il.

Il estime par ailleurs que la Chine, par exemple, restera considérée comme un pays émergent pendant encore une dizaine d'années. «La définition originale d'un pays émergent est un pays où le revenu par habitant est inférieur à 30 000$.»