En à peine plus d'une semaine, l'indice phare de la Bourse de Tokyo, le Nikkei 225, a perdu 13,6 %. Va-t-il s'arrêter là ? Est-ce un présage de ce qui attend la Bourse américaine ?

Lors des périodes de hausse soutenue des marchés boursiers, les analystes souhaitent une correction des cours boursiers. Ça permet au marché de reprendre son souffle et d'éliminer l'excès d'enthousiasme qui régnait. Mais quand la correction est aussi violente que celle du Nikkei, elle ranime la crainte que le sommet a peut-être été atteint et que le marché change maintenant de direction. Le 23 mai, le Nikkei perdait 7 %. Une semaine plus tard, l'indice se délestait de 5 % durant une seule séance. Au total, l'indice est à la baisse de plus de 13 % en moins de 10 jours. Dans le jargon boursier, on définit une correction comme un recul de plus de 10 %. Mais quand elle se produit aussi rapidement, on peut certes la qualifier de violente. On ne saura vraiment qu'au cours des prochaines semaines s'il s'agit bien d'une correction dans un marché haussier. Pour l'instant, ce recul doit être traité comme tel, car le Nikkei n'en demeure pas moins en hausse de plus de 30 % depuis le début de l'année. Situation différente aux États-Unis Ce n'est probablement pas une coïncidence que la correction du Nikkei se soit amorcée au moment même où l'on apprenait que des membres de la Réserve fédérale (Fed) souhaitaient une réduction des achats d'obligations par la banque centrale dès le mois de juin. Les Bourses, autant américaine que japonaise, carburent actuellement aux liquidités qu'injectent les banques centrales. L'indice S&P 500 a, jusqu'à présent, évité toute correction digne de ce nom. Mais il est de plus en plus clair que l'on approche du moment de vérité quant à la politique de la Fed, explique Ismaël Chiadmi, vice-président principal chez Montrusco Bolton. Les achats d'obligations par la Fed et le maintien des taux d'intérêt à des niveaux très bas ont été l'élément catalyseur de la hausse des marchés boursiers. Alors, comment peut-on espérer que la Fed modifie sa politique sans trop affecter le marché des actions ? Elle devra s'assurer de le faire au moment où l'économie sera suffisamment forte pour le supporter, croit M. Chiadmi. « La Fed n'a pas fait tout ce chemin pour laisser maintenant dérailler la Bourse américaine », dit-il. Le S&P 500 pourrait bien corriger d'une centaine de points, soit 6 ou 7 %, mais pas plus, selon lui. Et ce, même si le Nikkei devait déraper. Volatilité des obligations L'incertitude quant aux actions de la Fed a causé beaucoup de volatilité sur les marchés des obligations. Aux États-Unis, le taux des obligations de 10 ans du gouvernement est passé de 1,80 % à 2,10 %. Au Japon, le taux de la même obligation s'approche de 1 %, alors qu'il était à 0,50 % il y a à peine quelques mois. La hausse des taux au Japon est inquiétante, selon Stanley Roach, professeur à l'Université Yale et ancien dirigeant de Morgan Stanley en Asie. C'est que la dette du Japon représente plus de 250 % de son PIB, explique le professeur en entrevue à CNBC. « Compte tenu de la hausse des taux, le financement de la dette du gouvernement crée une situation très difficile », dit-il. ------------------ À SUIVRE CETTE SEMAINE Lundi : La vice-présidente de la Réserve fédérale américaine, Janet Yellen, prononcera une allocution devant les participants de l'International Monetary Conference. Ses propos sont toujours reçus avec attention, étant donné que plusieurs observateurs prévoient que c'est elle qui succédera éventuellement à Ben Bernanke Mardi : Deux autres présidents de bureaux régionaux de la Réserve fédérale prononceront des allocutions, soit Esther George, de la Fed de Kansas City, et Richard Fisher, de la Fed de San Francisco. De plus, les chiffres de la balance commerciale, autant canadienne qu'américaine, pour le mois d'avril seront publiés le jour même. Mercredi : Deux membres du Québec inc. feront connaître leurs résultats trimestriels. La Banque Laurentienne, dont les bénéfices auraient quelque peu baissé, prévoit-on, et Saputo, pour qui les analystes prévoient une hausse des profits de 19 %. Jeudi : Ce sera au tour de Charles Plosser, président de la Fed de Philadelphie, de prononcer une allocution. De plus, les économistes examineront la statistique des demandes d'assurance-emploi aux États-Unis à la recherche d'indications concernant le taux de chômage qui sera annoncé le lendemain. Vendredi : Toute l'attention se tournera vers les statistiques de l'emploi aux États-Unis. Pour évaluer la santé de l'économie, on vaudra savoir s'il s'est créé au moins 150 000 emplois non agricoles durant le mois de mai. Et pour prévoir les actions de la Fed, on examinera si le taux de chômage s'est approché de l'objectif de 6,5 %. Les économistes prévoient qu'il soit inchangé à 7,5 %.