Les titres pétroliers canadiens ont poursuivi leur glissade bien huilée, hier, abandonnant près de 1 % de leur valeur, malgré la volonté de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de soutenir les cours de l'or noir. Ce qui n'est pas vraiment une surprise puisque l'Organisation n'a plus l'influence d'antan et que les investisseurs escomptent même une baisse des prix.

L'OPEP, qui pompe tout de même environ 35 % du brut mondial, a convenu hier de maintenir son plafond de production, fixé à 30 millions de barils par jour depuis fin 2011. Les cours du brut sont néanmoins demeurés faiblards, le baril de Brent du Nord lâchant 1,80 $, à 101,39 $US, à Londres. Le cours du Brent, principale référence du secteur, oscille autour de la barre des 100 $ le baril depuis plusieurs mois.

Quant au West Texas Intermediate, la référence pour le pétrole produit au Canada, il a abandonné 1,75 % de sa valeur, à 91,97 $ le baril. Les prix du WTI, très similaires à ceux du Brent du Nord par le passé, s'en écartent depuis deux ans et demi du fait du boom pétrolier américain qui crée une situation de surplus dans l'Ouest.

C'est ainsi d'ailleurs que s'estompe l'influence du cartel de l'OPEP sur les équilibres mondiaux. Grâce à l'essor spectaculaire de leur production d'huile de schiste, les États-Unis sont appelés à devenir le premier fournisseur mondial de pétrole avant la fin de la décennie. Sur cette lancée, l'Amérique pourrait même devenir exportateur net de brut à l'horizon 2030, croit l'Agence internationale de l'énergie.

Entre-temps, les marchés boursiers tablent sur un prix moyen à long terme de 90 $ seulement pour le pétrole WTI, estime le service de recherche de RBC Marchés des capitaux. Parmi les grands producteurs canadiens, Cenovus Energy et Suncor Energy paraissent particulièrement sous-évalués, alors que leur cours escompte des prix de moins de 84 $ pour le baril de brut de l'Ouest. Imperial Oil et Encana seraient justement évalués suivant le cours actuel de l'or noir. Husky Energy, par contre, justifierait seulement sa valorisation boursière si le WTI valait autant que le Brent du Nord.

Les analystes de BMO Marchés des capitaux notent pour leur part que la demande pour le pétrole faiblit normalement l'été venu et que toute tentative de hausse de prix dans les prochains mois serait tuée dans l'oeuf, vu le niveau élevé des stocks américains. Un relâchement de 10 à 15 $ le baril est même envisagé. Les experts de la BMO préfèrent en fait les gazières aux pétrolières. Leurs producteurs favoris à ce titre sont les canadiens ARC Resources, Encana et Peyto Exploration ainsi que les américains EQT Corporation et Range Resources.

LA RECOMMANDATION

La pétrolière canadienne Suncor figure dans la liste des titres chouchous de la Financière Banque Nationale depuis un an. L'action de la plus importante entreprise intégrée d'hydrocarbures du Canada, en baisse de près de 2,5 %, à 31,45 $ hier, vaudrait 42 $ pièce, selon l'analyste Kyle Preston. Entre-temps, le titre offre un rendement en dividende attrayant de 2,5 %.