Il aura fallu presque six ans au Dow Jones des industrielles pour gravir cette dernière marche de 1000 points qui le porte à plus de 15 000 points, un sommet de tous les temps. C'est d'ailleurs la plus longue enjambée de cette envergure depuis le passage de 11 000 à 12 000 points qui s'étendit de mai 1999 à octobre 2006.

À 15 056,20 en clôture hier, l'indice le plus suivi au monde marque un gain de 0,6% sur la journée, de 20% depuis le creux d'octobre dernier et de 50% sur 14 ans. L'indice a doublé en 16 ans et triplé en 18 ans.

Le Dow avait traversé le seuil critique des 15 000 en séance vendredi matin, mais s'était replié sous les prises de profits pour clôturer à plus de 26 points de la cible. L'avancée d'hier fut franche dès l'ouverture, avec une poussée marquée en fin de séance.

Pour sa part, l'indice élargi S&P 500 du marché américain inscrit son quatrième record consécutif à 1625,96. L'indice NASDAQ à forte composante technologique, grevé par Apple, indique 3396 au compteur, une augmentation marginale par rapport à la veille. De même, l'indice S&P TSX du marché canadien, lesté par les titres de ressources, termine une séance sans éclat à 12 464,11, bien loin de son sommet historique de 2008.

Des bénéfices plus élevés que prévu

Faute de grosses nouvelles économiques ou d'autres événements liés au marché, hormis la baisse inattendue du chômage aux États-Unis annoncée vendredi dernier et l'arrosage continu de capitaux de la Fed, le Dow paraît avancer à tâtons. «C'est un marché alimenté par les résultats des entreprises», constate Steven Bulko, chef des placements de la firme new-yorkaise Lombard Odier Investment, en entrevue avec l'agence Bloomberg, alors que le cycle des publications trimestrielles se tarit.

Près des trois quarts des 423 entreprises du S&P 500 qui ont ouvert leurs livres ces dernières semaines ont surpassé les attentes de bénéfices, même si la moitié ont raté les cibles de vente, rapporte Bloomberg.

Les analystes espèrent néanmoins que l'exploit du Dow Jones ramènera les petits investisseurs dans le marché. «Les barrières psychologiques tombent, ce qui va attirer les investisseurs qui demeurent dans les gradins», a commenté Darrell Cronk, de la banque Wells Fargo.

Selon l'analyste technique Claude Bordeleau, éditeur du site spécialisé L'Observateur technique, la zone technique et psychologique des 15 000 points représente un point pivot très important. La moyenne mobile de 200 jours, qui est sûrement la plus référencée et suivie par l'ensemble des spéculateurs boursiers, est à la hausse, note-t-il, mais il ne serait pas étonné qu'après six mois de hausse ininterrompue, la courbe du Dow revienne tester la zone support à 13 750 points. Son calcul de la balançoire, basé sur les variations à court terme du vénérable indice, donne un objectif à court terme de 15 330 points.

Une période payante

Le marché boursier américain est en hausse depuis quatre ans. Selon plusieurs analystes, il est aussi entré dans son quatrième quadrant, une période agitée, mais qui peut être très payante pour les investisseurs téméraires. Certains, comme Christopher Zelesnick, directeur de la firme Ziegler Wealth Management de Chicago, croient pour leur part que la majeure partie de la course du Dow depuis 2009 n'était qu'un retour de balancier et que le marché haussier n'a pas plus que 18 mois.