Mars 2009. C'était le creux des marchés boursiers, et on célébrait la mort de la stratégie du buy and hold qui veut que l'on achète des titres que l'on va conserver longtemps.

À l'époque, les portefeuilles étaient si dévastés par la chute des marchés que le buy and hold céda la place à la théorie que pour réussir en Bourse il fallait synchroniser ses achats et ses ventes en fonction des fluctuations des marchés. Ce que l'on appelle faire du market timing.

Aujourd'hui, encouragés par la forte tendance haussière des marchés qui ne semble pas vouloir s'arrêter, les investisseurs patients ont repris le haut du pavé.

C'est que les investisseurs qui ont tenté de se synchroniser aux marchés ont diminué leurs positions en actions tout au long de la montée des Bourses, croyant qu'une correction d'envergure était inévitable.

Ceux-ci sont donc actuellement privés de bons profits. Et on entend de plus en plus dire que faire du market timing est impossible et mène généralement l'investisseur à sa perte.

Mais alors, ce mouvement de balancier d'une théorie à l'autre pourrait-il être en soi un indicateur de renversement de tendance des marchés?

Mark Hulbert, auteur du Hulbert Financial Digest, a étudié le phénomène en créant il y a 20 ans à partir de sondages auprès de 200 conseillers financiers un indicateur qu'il a surnommé l'indice de popularité du market timing.

Bien qu'il reconnaisse les limites scientifiques de l'exercice, M. Hulbert note qu'effectivement à chaque sommet de marché, plus personne n'encourageait le market timing, alors qu'inversement chaque fois qu'un marché baissier s'étirait, tous croyaient que c'était la fin du buy and hold.

Que nous dit l'indice aujourd'hui? Bien que nous soyons en situation d'alerte élevée, il n'indique pas que l'on soit actuellement à un haut de marché, estime M. Hulbert.

«Il y a encore trop de conseillers qui tentent encore de prédire quand le marché touchera son sommet», dit-il. Le buy and hold a sûrement retrouvé la faveur des conseillers, mais on ne crie pas encore à la mort du market timing.

Nouvelle ronde de divulgation de profits

Ayant été éveillés à nouveau la semaine dernière à la situation problématique toujours latente en Europe, il faudra maintenant que les profits des entreprises soient au rendez-vous pour que les marchés boursiers poursuivent leur poussée vers de nouveaux sommets.

Et à cet égard, les anticipations sont positives quant aux résultats du premier trimestre qui commenceront à être publiés la semaine prochaine.

Rappelons que l'année 2012 en fut une de stabilisation des profits des compagnies composant l'indice S&P 500. Ils ont en fait augmenté d'un modeste 0,4%. Rien d'étonnant, car ils avaient fortement rebondi en 2010-2011 alors que l'économie s'extirpait de la récession, note Mathieu D'Anjou, économiste principal chez Desjardins.

Pour l'année 2013, le consensus des analystes prévoit une augmentation des bénéfices de 14,7%. Ils atteindront 25,5 milliards au premier trimestre, et augmenteront graduellement jusqu'à 29,8 milliards au quatrième trimestre.

Chez Desjardins, on pense que le risque de déception est assez élevé. D'abord, l'amélioration des marges bénéficiaires grâce à des coupes dans les dépenses est probablement terminée. Mais aussi, certains indicateurs économiques, dont l'indice de confiance des ménages, semblent maintenant se retourner, indique l'économiste de Desjardins.

BlackBerry, un sursis

Research in Motion, nouvellement rebaptisé BlackBerry, a surpris les analystes en annonçant des bénéfices de 0,19$ par action pour le trimestre terminé le 28 février. Ceux-ci avaient prédit une perte de 0,29$.

Mais ses parts de marché ont continué de s'effriter au bénéfice d'Apple et de Samsung. Le nombre d'abonnés est passé de 79 millions à 76 millions.

Michael Genovese, directeur et analyste senior chez MKM Partners, une firme de négociations et de recherche auprès de clients institutionnels de Samford, au Connecticut, n'a pas été surpris, et croit que les résultats du prochain trimestre se terminant en mai seront bons également. Mais ça pourrait s'arrêter là.

La chaîne d'approvisionnement du nouveau BlackBerry 10 a été activée à fond et tourne peut-être même trop vite, note M. Genovese. Si on ne réussit pas à attirer de nouveaux acheteurs, les revenus et les profits vont se contracter pour le trimestre d'été se terminant en août.