Décidément, on ne parle que de dividendes et de rachats d'actions par les temps qui courent. Par exemple, l'action d'Apple (AAPL) semble avoir touché un plancher, du moins pour l'instant, et la possibilité de l'annonce d'un dividende spécial ne serait pas étrangère à cette situation. «Vendez le titre maintenant et vous risquez de rater le rebond qui se produira lorsque la compagnie annoncera comment elle utilisera ses liquidités», résume Walter Piecyk, analyste chez BITG, qui vient d'émettre une recommandation d'achat sur le titre d'Apple.

Alors, comment expliquer la réaction plutôt mitigée à l'annonce jeudi dernier du versement d'un dividende spécial de 1$ aux actionnaires de Transcontinental [[|ticker sym='T.TCL.A'|]]? L'annonce n'a pas permis au cours de l'action de s'apprécier; même qu'il perdait 0,20$ par rapport à la clôture de la veille.

Plusieurs raisons peuvent être invoquées, explique Luc R. Fournier, gestionnaire de portefeuilles à l'Industrielle Alliance. D'abord, l'annonce avait peut-être été télégraphiée depuis quelque temps, ce qui fait que le titre s'était déjà apprécié en fonction de cette éventualité.

Mais aussi, Transcontinental annonçait au même moment ses résultats trimestriels. «Le titre aurait peut-être perdu encore plus, n'eût été l'annonce du dividende, dit M. Fournier. On le saura le 27 avril lorsque le titre se négociera ex-dividende». Si le titre perd alors 1$, on aura la réponse.

Enfin, les investisseurs perçoivent peut-être ce dividende spécial comme le signal que l'on ne mise plus sur la croissance chez Transcontinental, ajoute Luc R. Fournier. «On passe d'un environnement de croissance à un environnement de dividende», dit-il. Plusieurs semblent le penser, car le titre se négocie à peine à 6,3 fois les bénéfices prévus.

La leçon aurait-elle servi?

Durant le deuxième semestre de 2012, les perspectives des marchés boursiers étaient à leur plus sombre à cause de l'euro qui risquait d'imploser, d'un côté, et de l'impasse budgétaire américaine qui se profilait à l'horizon, de l'autre. Nombreux étaient les gestionnaires qui sous-pondéraient les actions dans leurs portefeuilles ou qui vendaient tout simplement à découvert.

Mais lorsque le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, annonça qu'il prendrait tous les moyens nécessaires pour préserver la zone euro, les marchés se sont mis à monter et ils ne cessent de le faire depuis, même si les conditions économiques ne sont pas à leur mieux. La leçon de 2012 a servi, croit Jean-René Adam, stratège adjoint chez Hexavest. «Plusieurs gestionnaires ont subi de lourdes pertes et jurent de ne pas se faire reprendre», dit-il.

La situation en 2013 est totalement différente de celle de 2012, explique M. Adam. «Les investisseurs sont plus positifs, autant les institutions que les particuliers, les hedge funds ont racheté massivement, et très peu de gens se risquent à effectuer des ventes à découvert», dit-il.

D'ailleurs, selon des données remontant jusqu'à 1975 compilées par Morningstar, les perspectives boursières demeurent positives jusqu'au début de l'été, à la suite du début d'année qu'a connu l'indice Dow Jones. Dans 90% des cas, lorsque l'indice est à la hausse de plus de 8% en date du 15 mars, il est encore plus haut 3 mois plus tard.

Pas de bulle

Alors que l'indice Dow Jones vient de reconquérir son sommet historique et que l'indice S&P 500 n'est plus qu'à un cheveu de le faire également, il n'y aurait pas de risque de bulle boursière, selon Jack Lew, nouveau secrétaire au Trésor américain, et Alan Greenspan, ex-président de la Réserve fédérale américaine (Fed).

«Il faudra toujours être attentif à ne pas atteindre le point qui entraînerait une nouvelle crise, mais les analyses que je vois présentement ne me donnent pas de raison de m'inquiéter pour l'instant», déclarait Jack Lew en entrevue à CNBC jeudi dernier.

Selon le secrétaire au Trésor, bien que l'économie américaine continue de croître à un rythme trop faible, elle demeure résiliente. De plus, le risque d'une crise imminente à Washington sur la question budgétaire et le plafond d'emprunt s'est estompé, selon lui.

Quant à l'ancien président de la Fed, il déclarait vendredi que la hausse actuelle des marchés ne se qualifie certainement pas d'«exubérance irrationnelle», tel qu'il avait surnommé la hausse des marchés à la fin des années 90. «Malgré les hausses récentes, les marchés demeurent significativement sous-évalués en fonction des standards historiques», dit-il.