Les investisseurs avaient vu venir le coup. Après que le cours de son action s'est apprécié de 25% depuis la mi-novembre, voilà que la Société Financière Manuvie (T.MFC) déclare des bénéfices de plus de 1 milliard de dollars à son quatrième trimestre terminé le 31 décembre. Ces résultats indiquent-ils que l'embellie en cours va se poursuivre?

Les analystes techniques, ceux qui établissent leurs prévisions boursières par l'étude du graphique des fluctuations du titre et de certains indicateurs de tendance et de force relative, notent que l'état de santé boursier de Manuvie est bien meilleur, mais qu'il faut toutefois éviter de s'emballer.

La tendance se poursuit

Depuis l'été 2011, le titre s'est construit une base entre 10$ et 14$, explique Dennis Mark, analyste technique à la Financière Banque Nationale. Comme le cours de l'action a surpassé le haut de ce corridor de consolidation en début d'année, la tendance à la hausse du titre devrait se poursuivre, selon lui. «Mais plusieurs zones de résistance importantes l'attendent entre 15$ et 18$, si bien qu'il faudra un apport important de nouveaux investissements pour que le titre réussisse à franchir ces obstacles», ajoute-t-il.

Si la tendance est maintenant mieux établie, le moment n'est pas très propice pour acheter le titre, selon Monica Rizk, analyste principale chez Phases&Cycles, spécialiste de l'analyse technique. «D'abord, la hausse rapide depuis la mi-novembre crée un état de surachat qui risque de causer un repli du cours de l'action au cours des prochaines semaines», dit-elle.

Mais elle rappelle aussi que les titres financiers n'ont pas l'habitude de bien performer durant la dernière phase d'un marché haussier (bull market). Rappelons que le bull market a commencé le 9 mars 2009 et fêtera donc bientôt son quatrième anniversaire, ce qui constitue la longévité habituelle d'un bull market.

De meilleurs résultats

Les résultats du quatrième trimestre de Manuvie annoncés hier indiquent des profits de 1,06 milliard, soit 56 cents par action, comparativement à 32 cents l'année précédente. Mais ils comportent certains postes non récurrents. Les bénéfices d'exploitation ont été de 537 millions.

Mais les ventes ont très bonnes, note Stéphane Rochon, directeur de la recherche chez BMO Nesbitt Burns. Les revenus du secteur de l'assurance sont à la hausse de 8% par rapport au trimestre comparable de l'année précédente. Mais surtout, ceux du secteur de la gestion de patrimoine ont augmenté de 31%. De plus, l'assureur termine l'année dans une bonne situation avec un ratio de capital de 211%.

Au cours des derniers mois, le titre de Manuvie s'est retrouvé de plus en plus souvent sur la liste des titres préférés de gestionnaires ou d'analystes, dont Stéphane Rochon. Et ce choix demeure justifié, selon ce dernier. D'abord, l'évaluation demeure attrayante. L'action se négocie à seulement 1,2 fois sa valeur comptable, et à un ratio cours/bénéfices de 11,5 fois les profits escomptés en 2013.

De plus, bien que le titre soit à la hausse d'environ 40% depuis l'été dernier, le rendement du dividende au cours actuel se situe à 3,6%.

Enfin, la rentabilité de Manuvie est intimement liée à la hausse des marchés boursiers, ainsi qu'à celle des taux obligataires. «Ces facteurs continueront de jouer en faveur de Manuvie, et ce sont pour ces raisons qu'il faut conserver ses positions dans le titre», dit M. Rochon.

Great-West se maintient

Great-West Lifeco, qui a vu le cours de son action progresser au même rythme que celui de Manuvie depuis l'été dernier, a pour sa part annoncé des profits de 37 cents par action comparativement à 65 cents au même trimestre de l'année précédente. Toutefois, son bénéfice d'exploitation a été de 52 cents par action, sensiblement le même que lors de l'année précédente, ce qui s'est avéré conforme aux attentes des analystes.

Pour elle aussi, les affaires ont été bonnes au chapitre des ventes durant le trimestre. Elles ont atteint 16,7 milliards, en hausse de 15% par rapport à l'année précédente.