Les actions de la Compagnie de la Baie d'Hudson (T.HBC) ont finalement retrouvé leur prix d'émission, ces dernières séances. Inscrites en Bourse à 17$ (bien moins que souhaité par les dirigeants) il y a trois mois, les actions du détaillant signent une nette remontée de 5% depuis leur creux historique de 16,20$ la veille de Noël. À 17$ en clôture hier, la plus vieille entreprise canadienne pèse plus de 2 milliards de dollars en Bourse.

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Entre-temps, les services de recherche des firmes RBC Marchés des capitaux et CIBC Marchés mondiaux ont publié de premiers rapports sur le titre assortis de la mention «surperformance» et de prix cibles de plus de 21$. Ces deux firmes participaient, avec BMO Marchés des capitaux et Merrill Lynch, à l'émission de 300 millions de HBC il y a trois mois, la plus importante introduction canadienne en Bourse l'an dernier.

L'analyste torontois Tal Woolley, de la RBC, aime l'entreprise constituée en 1670 pour son potentiel de redressement des affaires, à l'exemple de l'américaine Macy's qui se repositionne aussi. Sa confiance repose notamment sur les plans de rajeunissement des commerces du groupe, lancés par le président Richard Baker en 2008, l'embauche de dirigeants d'expérience, une meilleure variété de produits et l'intégration structurelle de la chaîne américaine Lord&Taylor. L'analyste entrevoit ainsi des taux de croissance des bénéfices supérieurs à ceux de l'industrie.

Tout au contraire, l'analyste Kathleen Wong, de la firme indépendante Veritas Investment Research, recommande la vente des actions de HBC, dont elle estime la valeur intrinsèque à tout juste 12$ pièce. Notons que la firme torontoise de recherche formée de comptables certifiés fait seulement des recommandations de vente ou achat et n'a donc pas de position mitoyenne comme «à conserver».

«Leurs objectifs de vente par pied carré (170 à 180$), de croissance annuelle des ventes comparables (3 à 5%) et de progression annuelle de 10 à 12% du bénéfice d'exploitation d'ici trois à cinq ans seront difficiles à atteindre», estime Mme Wong, qui note que la plus importante chaîne canadienne de grands magasins, avec ses 48 établissements, affiche des marges bénéficiaires inférieures à ses pairs.

Un trésor de 2 milliards

Selon l'expert financier, le trésor de la Compagnie de la Baie d'Hudson est son portefeuille immobilier de 9,8 millions de pieds carrés qui comprend notamment l'immeuble de bureaux Simpson Tower au centre-ville de Toronto et l'ancien magasin Henry Morgan&Company, devenu La Baie en 1972, l'un des commerces les plus importants de la rue Sainte-Catherine à Montréal. Cet actif tangible est estimé à près de 2 milliards sur le marché, ce qui représente entre 6 et 8$ de valeur additionnelle réalisable par action, selon Mme Wong.

Les dirigeants de HBC ont déjà évoqué la possibilité de suivre l'exemple enviable de Loblaw et de rouler une partie de ses magasins dans une fiducie immobilière de revenus. Kathleen Wong en doute cependant, vu les baux actuels très bon marché dont profite la chaîne. Si le détaillant se contentait de vendre pour relouer le tiers seulement de ses magasins, le Simpson Tower et le centre de distribution de Toronto, cela pourrait ajouter 4$ à son action.

La Compagnie a introduit un dividende trimestriel de 9 cents malgré des pertes d'exploitation du même ordre de grandeur, au terme de son troisième trimestre. HBC a essuyé une perte de 2 millions sur des revenus de 930 millions au cours de cette période. Les résultats du quatrième trimestre, incluant les ventes de Noël, sont attendus en mars seulement.