Les fluctuations du prix de l'action de Facebook (FB) ne cesseront jamais d'étonner.

Alors que près de 800 millions d'actions étaient déverrouillées mercredi et menaçaient de déferler en Bourse après avoir été sous écrou depuis leur émission il y a six mois, leur cours a bondi de plus de 12%. Était-ce prévisible?

Comme la date du déblocage des actions était connue depuis longtemps, les actionnaires de Facebook qui craignaient un impact négatif sur le titre ont eu tout le temps nécessaire pour se départir de leurs actions avant la date fatidique, ce qui a pu en minimiser l'impact, note Mark Lin, gestionnaire du fonds Global Technology chez CIBC Gestion d'actifs.

Pour la même raison, et comme le titre était tombé sous la barre des 20$US après avoir grimpé jusqu'à 24$US au moment de la publication des résultats le mois dernier, Cody Willard, auteur de la lettre financière Revolution Investing et chroniqueur financier au Wall Street Journal, écrivait dès mardi que l'occasion était belle d'acheter le titre, du moins sur un horizon à court terme.

De plus, le fait que certains gros noms parmi les dirigeants de l'entreprise n'étaient pas au nombre des vendeurs semble avoir à la fois surpris et rassuré les investisseurs, ajoute Mark Lin.

Est-il maintenant permis d'espérer des jours meilleurs pour les actionnaires de Facebook? Rappelons que Facebook a fait son entrée en Bourse le 18 mai à un prix de 38$US. Le 4 septembre, le titre a touché un creux de 17,55$US, une baisse de 54%. Il se négocie présentement autour de 22$US.

Il importe de situer ce bond de 12% dans sa perspective des derniers mois, suggère Monica Rizk, analyste principale chez Phases&Cycles, une firme de gestion de Montréal spécialiste de l'analyse technique. Selon elle, l'appréciation de 12% n'est pas nécessairement un événement significatif.

En fait, depuis quatre mois, le titre se négocie dans une fourchette de fluctuations entre 18$US et 24$US. En dépit de l'appréciation récente, le cours du titre ne s'est pas encore dégagé de cette fourchette de fluctuations. «C'est lorsque cela se produira que l'on pourra croire qu'une tendance à la hausse s'est installée», dit-elle.

Facteurs fondamentaux

Au-delà des raisons techniques invoquées pour expliquer la hausse de mercredi, ce sont des motifs fondamentaux qui guideront le cours du titre à plus long terme, croient les experts.

Les titres du secteur de la technologie sont en soi des investissements risqués. Pour justifier de courir un tel risque, il faut être capable d'évaluer ce que sera devenue l'entreprise dans cinq ans, explique Mark Lin. Mais lorsqu'il est question de réseaux sociaux, les choses changent rapidement.

«Il nous est impossible de prévoir ce que Facebook sera dans cinq ans», dit le gestionnaire de la CIBC. Conséquemment, Facebook ne fait pas partie de ses portefeuilles.

Quoiqu'impressionnant, le bond de 12% de l'action de Facebook avant-hier signifie peu de choses quant aux profits que la firme génèrera en 2013, constate Richard Greenfield, analyste chez BTIG, une firme de New York spécialisée en arbitrage et en services de recherche auprès des fonds de couverture et des investisseurs institutionnels.

À cet égard, les perspectives sont plutôt inquiétantes, selon lui, car Facebook n'a pas démontré sa capacité de générer les revenus de publicité que l'on espère sur les plateformes mobiles.

«Nous recommandons à nos clients de vendre leurs actions de Facebook en raison des difficultés qui lui pose le passage à la mobilité», disait-il sur les ondes de CNBC mercredi, même si le titre s'appréciait fortement à ce moment-là. Déjà le mois dernier, l'analyste fixait son cours cible à 16$US, et il ne le modifie pas aujourd'hui.

Les prochains résultats de Facebook ne seront connus que dans deux mois. C'est alors qu'on aura une meilleure idée de ses revenus publicitaires sur les téléphones intelligents. D'ici là, la volatilité du titre persistera, croit Cody Willard.