Le parquet est bien sec, mais la réouverture de la grande Bourse de New York et du marché électronique Nasdaq après deux jours de fermeture pourrait entraîner un autre type de tempête sur les marchés ce matin.

Entre l'accumulation des réactions liées aux résultats trimestriels et l'impact potentiel du passage de l'ouragan Sandy sur les perspectives à court terme des entreprises, gagnantes et perdantes, les négociateurs ne tiendront vraisemblablement pas en place en cette dernière séance du mois d'octobre.

«Les échanges commenceront sur la Bourse de New York à 9 h 30 selon les procédures d'ouverture normales», prévoit l'opérateur NYSE Euronext, affirmant que son bâtiment et le parquet sont «totalement opérationnels». La Bourse électronique Nasdaq rouvre également ce matin et fonctionnera normalement, promet de son côté Nasdaq OMX, précisant que la sécurité, la continuité du marché et un certain nombre d'autres facteurs en lien avec l'ouragan Sandy ont été attentivement envisagés.

Les conséquences de l'ouragan sur les cours sont évidemment difficiles à prévoir. Les actions du secteur de l'assurance seront certainement sous pression et les compagnies aériennes peuvent s'attendre à être punies après les importantes perturbations des vols depuis lundi dans le nord-est des États-Unis.

Le marché a aussi à jauger les résultats financiers trimestriels de plusieurs grandes entreprises américaines publiés durant l'intervalle. Le constructeur automobile Ford a notamment impressionné les analystes financiers en annonçant un bénéfice par action avant postes extraordinaires de 40 cents US par action malgré une baisse de 3% de son chiffre d'affaires, reflétant en cela le recul des affaires en Europe et en Amérique du Sud.

Le coeur de la saison des résultats

De nombreuses entreprises américaines et même certaines sociétés canadiennes dont les titres sont interlistés sur le NYSE ont cependant préféré reporter leur publication. C'est le cas notamment de la multinationale pharmaceutique Valeant, de Laval, qui devait lever le voile sur son dernier trimestre, hier. Cela surviendra plutôt vendredi, «en raison des conditions météorologiques extrêmes et des pannes de courant associées à l'ouragan», explique l'entreprise.

«Le marché est fermé au coeur de la saison des résultats et juste avant l'élection présidentielle», a noté Ryan Detrick, analyste à Schaeffer Research Investment en entrevue à l'agence AFP. «C'est sans précédent et cela s'ajoute à la forte incertitude déjà présente sur les marchés».

Le marché aura aussi à s'ajuster à quelques nouvelles données économiques, bien que mineures, publiées durant l'intervalle. L'indice manufacturier pour septembre est en baisse de 1,2% par rapport au mois précédent et l'Indice sur la production automobile a reculé de 4% depuis août. Les prix du logement aux États-Unis sont aussi à la hausse, a-t-on appris hier matin. Selon l'analyste indépendant Hugh Johnson, la fermeture des marchés pendant ces annonces «crée une déconnexion qui est perturbante».

Les détenteurs d'actions pourraient aussi vouloir revoir leurs positions avant la publication des statistiques du chômage aux États-Unis, demain, et de l'emploi, vendredi, des chiffres clef pour décoder l'état de l'économie américaine.

Craig Fehr, spécialiste des marchés canadiens chez Edward Jones à Saint Louis, note que les spéculateurs du monde entier sont demeurés sur la touche ces derniers jours et entreront en action aujourd'hui alors que les marchés retrouveront toute la liquidité attendue. Les négociations tenues aujourd'hui établiront notamment les prix de fermeture des livres pour le mois d'octobre, que ce soit pour les options, l'évaluation des fonds communs ou les comptes des clients, souligne l'analyste.

La décision de suspendre les transactions, prise dimanche soir, constitue la première fermeture non prévue des marchés américains depuis septembre 2001, et la première interruption sur deux jours de suite en raison d'intempéries depuis les 12 et 13 mars 1888, quand la ville avait été ensevelie sous la neige.