Récemment, les données économiques chinoises se sont avérées plus encourageantes. La Bourse de Shanghai, en chute libre depuis trois ans, en profitera-t-elle?

Le ralentissement de l'économie chinoise a pesé lourd sur l'indice composé de la Bourse de Shanghai. L'indice est à la baisse de 3% depuis le début de l'année, alors qu'aux États-Unis le S&P 500 gagne plus de 14%.

L'indice, qui avait fait l'objet d'une bulle en 2007 qui avait éclaté au cours de la crise financière de 2008, a perdu le tiers de sa valeur depuis le début de 2011.

La Chine a annoncé hier que son produit intérieur brut (PIB) pour le troisième trimestre a montré une croissance de 7,4% durant les 12 derniers mois. Depuis la fin du deuxième trimestre, il s'agit d'une augmentation de 2,2%, soit 9,1% lorsque convertie en données annuelles. Il s'agit du meilleur résultat des quatre derniers trimestres.

D'autres données confirment également que l'économie chinoise a repris du tonus. Les dépenses en capital à la fin de septembre sont en hausse de 20,5% depuis le début de l'année, la production industrielle est en croissance de 9,2% comparativement à l'année précédente, et les ventes au détail ont augmenté de 14,2% durant la même période.

Devant ces chiffres, le premier ministre Wen Jiabao dit pouvoir affirmer avec confiance que la croissance de l'économie chinoise s'est stabilisée, note Pierre Lapointe, stratège chez Pavilion Global Markets. Cela confirme sa prévision faite au début du mois d'août, rappelle le stratège dans un bulletin adressé hier à ses clients.

Mais alors que l'économie semble reprendre de l'élan, il semble prématuré de croire que le marché boursier puisse reprendre aussitôt son envol.

Des problèmes structurels

C'est que bien que les données économiques s'améliorent, on parle de stabilisation et non d'un retour à une croissance rapide. Les exportations représentent 30% du PIB de la Chine. «Elle n'est donc pas immunisée contre la faiblesse de l'économie mondiale», écrit M. Lapointe.

À court terme, la croissance du crédit et des nouvelles commandes manufacturières, jumelée aux projets de dépenses en capital supportés par l'État, aidera à maintenir la croissance économique. «Mais à plus long terme, nous maintenons une approche prudente», dit le stratège. Le gouvernement chinois compte sur les investissements en capital pour maintenir le taux de chômage le plus bas possible, mais tous ces projets visent la croissance et le plein emploi, non le profit.

Les investisseurs semblent aussi douter de la réussite des réformes que les dirigeants chinois tentent d'apporter au marché boursier, aux prises depuis longtemps avec de sérieux problèmes structurels.

Le réputé magazine The Economist a récemment rappelé les propos de Fraser Howie et Carl Walter, coauteurs du livre Red Capitalism publié en 2011. «Le marché boursier chinois n'est pas une affaire d'argent, celle-ci est l'affaire des banques. Le marché boursier est plutôt une affaire de pouvoir», ont-ils écrit.

La Bourse chinoise doit se remettre de ses erreurs passées. Depuis plus de 20 ans, de nombreuses entreprises près du pouvoir politique ont été inscrites à la cote à des prix beaucoup trop élevés, résume The Economist. Et les cas de délits d'initié ne cessent de se multiplier.

Il faudra probablement plus à la Chine qu'une stabilisation de son économie pour relancer son marché boursier.