Les vendeurs à découvert se sont empressés de couvrir leur position alors que le marché canadien se corrigeait, au cours des deux dernières semaines, après le départ canon de septembre.

Le nombre d'actions à découvert a diminué de 400 millions à 1,9 milliard de dollars du 14 au 28 septembre, à la Bourse de Toronto, selon les dernières statistiques colligées par l'agence financière Bloomberg. Cela correspond maintenant à 1,5 fois le volume quotidien moyen de transactions sur ce marché alors que le compte était de près de 1,9 jour d'échanges il y a deux semaines, voire 2,4 jours, il y a un mois.

Les ventes à découvert ou short selling sont un mécanisme spéculatif qui consiste à emprunter à son courtier des actions dont on pense que le prix va baisser et à les vendre, dans l'espoir de les racheter plus tard à un meilleur prix. Cette stratégie est employée par les investisseurs aguerris lorsqu'ils ont une opinion défavorable d'une entreprise ou de son industrie, ou encore pour protéger leurs gains contre une baisse potentielle. C'est généralement le signe qu'ils anticipent de mauvais résultats financiers. Cette pratique amplifie les mouvements de baisse et freine les élans haussiers. Les rachats aux fins de couverture ont l'effet contraire.

En vertu des lois sur les valeurs mobilières, les investisseurs doivent protéger leur mise, jusqu'à la doubler, afin de couvrir des pertes éventuelles si le titre monte. Les restrictions qui s'appliquaient au cours minimum pour exécuter une vente à découvert ont par ailleurs été levées le mois dernier.

Énergie

On ne sera pas surpris de constater que le secteur énergétique est toujours le plus visé par les vendeurs à découvert. Ceux-ci voudront protéger leur mise contre un recul des prix toujours possible.

Quelque 548 millions d'actions devront éventuellement être rachetées dans ce secteur, 5% de moins qu'il y a un mois. Cela ne représente par ailleurs que 1,3 jour moyen de transaction vu le fort roulement des valeurs dans ce secteur.

Institutions financières

Comme quoi ce n'est pas seulement le sort de titres spéculatifs, les «participations courtes» sont aussi très importantes dans le secteur financier, même si elles ont baissé de 8% le mois dernier. Quelque 362 millions d'actions représentant 4,9 jours de transactions sont en jeu. Le cinquième des actions survendues appartiennent ainsi aux assureurs, banques et groupes financiers, avec la Financière Manuvie, la Banque Scotia et la Toronto-Dominion en tête de liste. La première est suivie à la trace par les analystes financiers en raison de sa sensibilité aux taux d'intérêt. Ceux-ci sont actuellement partagés entre conserver le titre (neuf) ou l'acheter (huit) et un seul est vendeur affiché.

TI

Les investisseurs paraissent aussi sur leur garde face aux titres des technologies de l'information (TI). Quelque 110 millions d'actions sont survendues dans ce secteur, ce qui représente 1,9 jour moyen d'échanges. En tête de liste figure la société torontoise Celestica, qui mettra bientôt fin à la fabrication de téléphones cellulaires pour Research in motion (RIM), accuse un découvert boursier de 45 millions d'actions, ce qui correspond à 39 fois le volume quotidien moyen, soit près de deux mois de transactions. Vient ensuite le Groupe CGI, qui, en dépit de sa forte progression le mois dernier, supporte 32 millions d'actions à découvert, soit 22,8 jours en ce cas, c'est-à-dire près d'un mois de transactions. RIM n'est pas en reste avec 18 millions d'actions survendues, mais la situation pourrait se corriger théoriquement en moins de deux jours de marché vu la forte activité sur ce titre.

Consommation

On trouve ensuite le secteur de la consommation discrétionnaire, avec 105 millions d'actions survendues, ce qui représente 4,4 jours de transaction. Figurent ici les entreprises de communications Thomson Reuters (27 millions d'actions à découvert) et Shaw (en déficit de 16 millions d'actions), suivies par le manufacturier international de vêtements de sport Gildan (-14 millions).

Le secteur de la santé est le moins prisé des vendeurs à découvert.