La tension a fait son retour sur les marchés européens mercredi, après plusieurs semaines de reprise, les Bourses enregistrant de nets reculs, en raison d'inquiétudes sur l'efficacité des mesures annoncées récemment par la Fed et des mouvements sociaux en Espagne.

Vers 8h50, la Bourse de Paris perdait ainsi 2,16%, Francfort reculait aussi de 1,94%, Londres de 1,24%, Milan de 2,98% et Madrid de 3,35%.

Les déclarations d'un dirigeant de la banque centrale des États-Unis (Fed), Charles Plosser, qui remet en cause l'efficacité du nouveau programme d'assouplissement monétaire annoncé par l'institut monétaire mi-septembre pour relancer l'emploi ont fortement pesé sur les marchés, à commencer par Wall Street qui a terminé mardi soir dans le rouge, après avoir pourtant évolué positivement tout au long de la séance.

Selon le président de la Fed de Philadelphie, le recul du chômage dépend de l'environnement économique et donc de facteurs sur lesquels la banque centrale n'a pas de moyen d'action.

«Les politiques monétaires n'auront sans doute pas l'impact espéré par les investisseurs. La dure réalité de la situation de l'économie mondiale revient au premier plan», a estimé à Paris Renaud Murail, gérant d'actions chez Barclays Bourse.

«La persistance des inquiétudes sur la croissance mondiale tire vers le bas le cours des actions et il est peu probable que cela change aujourd'hui en l'absence de signaux positifs auxquels se raccrocher en Europe», a également commenté à Londres Ishaq Siddiqi, analyste chez ETX Capital.

Les derniers développements en Espagne sont venus s'ajouter à ces propos pessimistes, augmentant la pression sur les marchés.

Des affrontements ont en effet eu lieu mardi soir à Madrid entre policiers et manifestants du mouvement des Indignés rassemblés par milliers aux abords du Congrès des députés, alors que le gouvernement espagnol doit dévoiler jeudi son budget 2013. La Catalogne a également convoqué des élections régionales anticipées.

«Pour demander un sauvetage, il faut plus de rigueur mais il semble que la population ne puisse pas accepter de nouvelles mesures d'austérité. L'équation est de plus en plus délicate», a jugé M. Murail.

Le secteur bancaire faisait partie des premiers touchés par cette baisse. À Paris, Crédit Agricole enregistrait ainsi le plus fort recul du CAC 40 (-4,83%) tandis qu'à Londres Royal Bank of Scotland (RBS) perdait 2,32% et Barclays 1,84%.

Les déclarations du responsable de la Fed ont aussi pesé sur les marchés asiatiques, Hong Kong reculant de 0,83% et Tokyo de 2,03%, les fortes tensions sino-japonaises s'ajoutant sur le marché nippon aux craintes pour la croissance mondiale.

La nervosité a également touché le marché obligataire, les taux d'emprunt à 10 ans de l'Espagne et de l'Italie se rapprochant à nouveau du seuil des 6%, un niveau difficilement soutenable sur le long terme.

«Nous assistons à une succession de mauvaises nouvelles en Espagne qui doit se battre pour redresser son économie, mais aussi contre ses propres régions», a affirmé Nordine Naam, stratégiste obligataire chez Natixis.

L'euro n'échappait pas non plus au regain de morosité et poursuivait sa baisse face au dollar. Ce matin l'euro valait 1,2868 dollar contre 1,2902 dollar mardi soir.