Tous seront à l'affût des propos que tiendra ce matin (vendredi) Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale (Fed), lors de la réunion des banquiers centraux à Jackson Hole, Wyoming.

Annoncera-t-il un troisième programme d'assouplissement quantitatif (QE 3)? 

Si l'intérêt des investisseurs est si grand, c'est que les deux programmes d'assouplissement précédents (QE 1 et QE 2) avaient eu un impact majeur sur les marchés boursiers. Selon une étude de la firme Ned Davis Research, le S&P 500 s'était apprécié de 36% durant QE 1, qui avait été lancé en novembre 2008 et avait pris fin en mars 2010.

Quant à QE 2, qui avait été annoncé à Jackson Hole en août 2010 et qui s'était étendu de novembre 2010 à juin 2011, l'indice avait gagné 19% durant son existence. Entre les deux programmes, le marché avait reculé de 10%. 

L'impact de QE 1 et QE 2 a été encore plus fort sur les secteurs des matériaux et de l'énergie, indique l'étude de Ned Davis Research. Les matériaux ont gagné 82% durant QE 1 et 21% durant QE 2.

Quant aux titres énergétiques, ils ont progressé de 48% et de 36% durant ces périodes.

Les négociateurs à la Bourse de New York reconnaissent que ces programmes d'assouplissement quantitatif ont l'effet de stéroïdes qui faussent la réalité des marchés, note Bob Pisani qui arpente depuis plusieurs années le parquet de la Bourse de New York afin de recueillir les commentaires de ces négociateurs pour le compte de CNBC.

«Ces gens pensent que le S&P 500 qui est à un sommet de quatre ans est déconnecté de la réalité économique, où la récession gagne plusieurs pays européens et que des ralentissements économiques marqués apparaissent aux États-Unis et en Chine», résume M. Pisani.

Néanmoins, les négociateurs ne peuvent pas ignorer l'éventualité d'un QE 3.

L'action prise par la Fed pourrait fort bien ne pas être annoncée aujourd'hui, la décision étant plutôt reportée à l'une des réunions de la Fed cet automne.

Mais le spectre d'un QE 3 continuera de planer sur les parquets boursiers.Par ailleurs, certains doutent du bien-fondé d'un QE 3. QE 1 et 2 ont été lancés dans le but d'enrayer l'appauvrissement des ménages causé par la chute du prix des maisons, rappelle Stéfane Marion, économiste en chef et stratège à la Financière Banque Nationale.

Cet effet d'appauvrissement pouvait être compensé par une hausse des marchés boursiers.

«Aujourd'hui, le prix des maisons ne baisse plus», dit M. Marion. 

La fin du surplace? 

L'indice S&P 500 se négocie autour de 1400 depuis déjà trois semaines. Et chaque jour les variations des cours sont modestes.

«Par ce surplace, l'indice consolide la hausse réalisée depuis l'engagement de Mario Draghi, le président de la banque centrale européenne (BCE), de prendre tous les moyens pour sortir l'Europe de sa crise des dettes souveraines», explique Stéfane Marion.

Quelle sera la suite?

Le stratège de la Financière ne croit pas à propos de réviser ses cibles de fin d'année pour les indices boursiers. Il croit toujours que le S&P 500 terminera l'année à 1350 et le S&P/TSX à 11 500.

«En septembre, les événements en Europe ne manqueront pas», prévient-il.

Et septembre est le mois le plus difficile en Bourse, faut-il le rappeler.

Bien qu'un QE 3 puisse avoir un impact positif à court terme sur les marchés, il pourrait être de courte durée, car l'impact de ces mesures sur l'économie est de moins en moins grand, constate Sylvain Ratelle, stratège chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

«Chaque intervention produit un bénéfice moins important que la précédente, et Ben Bernanke en est bien conscient», dit-il. 

La tenue des marchés est beaucoup plus liée à l'évolution des commandes de biens durables, croit M. Ratelle.

Et celles-ci ont maintenant tendance à baisser, note-t-il. Lui aussi croit que les marchés termineront l'année plus bas qu'ils ne le sont présentement.