Entrer en Bourse est comme poser un véhicule sur Mars: il faut se préparer longtemps à l'avance pour pouvoir sauter quand une fenêtre se présente. Mais il y a plus encore, si l'on ne veut pas s'écraser.

«Les possibilités de réussir une transaction s'ouvrent et se referment rapidement, car le marché des PAPE fonctionne beaucoup par cycles», note Sylvain Boucher, associé de certification dans une récente étude du cabinet-conseil international Ernst&Young sur le marché des PAPE (premiers appels publics à l'épargne). «Les sociétés intéressées doivent s'assurer d'avoir un dossier clair et attrayant à présenter aux investisseurs.»

Bilan 2011

Malgré les turbulences de l'économie mondiale, le marché des PAPE a fait preuve de résilience en 2011, rapporte Ernst&Young. Ainsi, 1225 entreprises ont fait leur entrée en Bourse l'année dernière dans le monde, 12% de moins qu'en 2010, à la faveur de la levée de 170 milliards US, une baisse de 40% comparativement à l'année précédente. Le secteur des matériaux a vu le plus grand nombre de PAPE, suivi par les industrielles et les entreprises de haute technologie, au troisième rang seulement. La Bourse du Chinext à Shenzhen, équivalent chinois du NASDAQ, a reçu la plus large part des nouvelles inscriptions (près du dixième), suivie de très près par le marché secondaire polonais, le NewConnect de Varsovie. Au chapitre de la valeur, New York est toujours la ville des PAPE.

Perspectives

La situation se corse maintenant après le fiasco de Facebook au premier semestre de 2012. Selon M. Boucher, les entreprises qui veulent accéder à la Bourse peuvent cependant apprendre beaucoup de l'expérience des nouveaux émetteurs, notamment ceux du secteur des technologies et des réseaux sociaux (comment ils ont évalué leur entreprise, comment ils l'ont financée et comment ils ont géré le risque d'exécution).

Selon Ernst&Young, qui a sondé certains des plus grands banquiers d'affaires du monde, les entreprises qui envisagent un PAPE cette année doivent d'abord apprendre à composer avec la volatilité. Déjà, un nombre record d'entreprises auraient abandonné leurs plans d'introduction en Bourse en raison des conditions d'évaluation et des prix changeants.

En dépit des perspectives de stabilité pour l'économie canadienne, les décideurs des PAPE canadiens feront eux aussi preuve de prudence pendant au moins les 12 prochains mois, croit le cabinet-conseil, étant donné la persistance de la crise de la dette en Europe, l'instabilité politique mondiale, la mollesse des perspectives de croissance et le caractère imprévisible du marché.

Tendances

De nombreuses entreprises font leur PAPE sur des marchés étrangers, plutôt que de s'inscrire sur leur marché national par défaut. De plus, les entreprises cherchent de nouvelles formes de financement par capitaux propres, comme les portails de financement participatif (crowdfunding), pour élargir leurs options de financement.

Le capital-investissement

Les PAPE reçoivent aussi un sérieux coup de pouce du capital-investissement. Les sociétés de capital-investissement sont devenues plus agiles: lorsque des possibilités se sont ouvertes sur le marché, elles étaient prêtes à bouger rapidement. Par exemple, aux États-Unis, 9 des 10 plus importants PAPE de l'année dernière étaient le fait d'entreprises financées par des fonds de capital-investissement. En matière de capital de risque plus spécifiquement, le nombre de PAPE adossés à ce type de capital a augmenté en 2011 à l'échelle mondiale, et cette tendance devrait se poursuivre en 2012, croit Ernst&Young.