Le temps des profits est-il enfin venu pour ProMetic Sciences de la vie (T.PLI)?

C'est en tout cas ce que soutient son président, Pierre Laurin, au moment où la société de biotechnologie de Laval vient de lancer une coentreprise en collaboration avec une entreprise pharmaceutique américaine.

ProMetic s'est associée avec NantPharma pour former NantPro Biosciences, une société qui veut commercialiser des produits dérivés du sang et extraits grâce à la technologie de ProMetic.

Les produits en question serviraient notamment au traitement des maladies auto-immunitaires. Il faudra toutefois attendre le feu vert des autorités américaines pour leur commercialisation, un processus qui pourrait prendre environ trois ans, selon M. Laurin.

Selon le grand patron, l'idée de former une coentreprise a été élaborée dans l'éventualité où un investisseur voudrait racheter les activités de NantPro.

«Ça nous permet de continuer à fonctionner sans nécessairement nous faire gober en entier chaque fois que quelqu'un a le goût d'acheter un produit», a-t-il expliqué à La Presse Affaires.

Fondée en 1995, ProMetic a découvert une technologie capable d'extraire les protéines du sang. La technique peut servir soit à nettoyer le sang des protéines indésirables, soit à en extraire des protéines de haute valeur qui peuvent ensuite être administrées à des patients.

C'est ce deuxième cas qui s'applique au cas de la coentreprise NantPro annoncée lundi.

Les ingrédients actifs nécessaires à l'extraction des protéines seront fabriqués dans les installations de ProMetic à Laval, puis expédiés à Terre Haute, en Indiana, où NantPharma possède une usine.

Selon l'entente dévoilée lundi, ProMetic recevra immédiatement la somme de 2,5 millions US de la part de NantPharma. La nouvelle entité, NantPro, aura les droits exclusifs de commercialisation du produit aux États-Unis.

Notons que NantPharma vient de recevoir un investissement de 125 millions US de Blackstone, l'une des plus grandes firmes d'investissement de la planète.

La nouvelle a poussé le titre de ProMetic à la hausse lundi matin, mais l'intérêt est ensuite retombé. L'action a finalement gagné 1 cent lundi pour clôturer à 14 cents.

Un long chemin

ProMetic avait suscité un certain engouement au début des années 2000, alors que la crise de la vache folle était encore dans les mémoires. L'entreprise avait alors démontré sa capacité à nettoyer le sang des prions, ces agents pathogènes qui causent la maladie.

La société a collaboré un moment avec la Croix-Rouge américaine, mais les affaires commerciales n'ont jamais véritablement décollé. L'an dernier, ProMetic a déclaré des pertes de 1,9 million.

La boîte compte aujourd'hui plus d'une centaine d'employés, dont une quarantaine à Laval. Les autres sont répartis entre le Royaume-Uni et les États-Unis.

Au cours des ans, ProMetic a signé des ententes de licence avec plusieurs entités, notamment l'entreprise suisse Octapharma et le China National Biotech Group, société du gouvernement chinois.

Lentement mais sûrement, certaines de ces ententes commencent à rapporter. Selon le président, Pierre Laurin, les revenus devraient atteindre 23 millions cette année. Si cela s'avère, ProMetic pourrait enregistrer cette année les premiers profits de son histoire.

«Ç'a été long et il y a eu plusieurs ramifications, mais je crois qu'on a finalement tourné le coin», dit Frédéric Dumais, directeur des communications de l'entreprise.

Seule une firme britannique fait une certaine couverture de ProMetic, tous les analystes canadiens et américains qui suivaient le titre dans le passé ayant cessé leur couverture.