Alors que les chefs d'État européens se sont mis d'accord sur certains éléments qui permettront de faire un pas vers une solution à la crise qui mine la zone euro depuis plus de deux ans, l'attention se portera maintenant sur les grandes sociétés américaines qui publieront leurs résultats du deuxième trimestre à partir de la semaine prochaine.

Et la saison des résultats a de quoi inquiéter. Selon l'agence Thomson Reuters, 94 entreprises du S&P 500 ont prévenu que leurs bénéfices seront inférieurs au consensus des analystes comparativement à 26 entreprises qui avancent que leurs bénéfices excéderont ces prévisions. Ce ratio négatif de près de 4 pour 1 serait le plus élevé depuis le troisième trimestre de 2001, selon l'agence.

Parmi les sociétés importantes qui préparent les investisseurs à de mauvais résultats, notons entre autres Ford Motor qui prévoit une perte au deuxième trimestre deux fois plus importante que celle du premier trimestre. Procter&Gamble a quant à elle prévenu la semaine dernière que ses bénéfices seraient inférieurs aux prévisions, et ce pour la deuxième fois en deux mois.

Hausse des bénéfices

Pour l'ensemble des entreprises du S&P 500, les analystes prévoient maintenant que les bénéfices du deuxième trimestre augmenteront de 5,8% comparativement au même trimestre de l'année précédente. Pas plus tard qu'en avril, ces mêmes analystes prévoyaient une croissance des bénéfices de 9,2% pour ce même trimestre.

Les comptes nationaux américains envoient également un signal inquiétant quant aux bénéfices des sociétés. La dernière révision du produit intérieur brut (PIB) américain pour le premier trimestre annoncée par le Bureau of Economic Analysis jeudi dernier montrait une croissance négative des profits, indique Pierre Lapointe, stratège global chez Brockhouse Cooper, dans une note à leurs clients.

En effet, les profits du premier trimestre des comptes nationaux sont maintenant estimés à - 0,3% comparativement à " 0,6% à la deuxième révision effectuée le mois précédent.

Une économie trop faible

Depuis la fin de la récession en 2009 aux États-Unis, les bénéfices des entreprises augmentaient de plus de 10% par année, surtout grâce à une hausse des marges bénéficiaires rendue possible par une réduction des dépenses. Mais comme cet exercice de compression des dépenses est maintenant terminé chez la plupart des entreprises, la croissance des bénéfices reposera maintenant sur une augmentation des ventes. L'état de l'économie le permettra-t-il? Les experts en doutent. «Dans un contexte de récession en Europe et de croissance très mitigée aux États-Unis, nous doutons que les prévisions de profits actuelles puissent se réaliser», écrit le stratège de Brockhouse Cooper.

Il est difficile d'être optimiste au regard des bénéfices lorsqu'on sait que l'économie américaine a trébuché durant le deuxième trimestre, ajoute Stéfane Marion, économiste en chef et stratège en chef à la Financière Banque Nationale. «La création d'emplois a nettement ralenti ces trois derniers mois, comme les ventes au détail et la production industrielle», écrit-il dans le numéro de juillet du Mensuel boursier du courtier montréalais. «Cette faiblesse nuira à la croissance des ventes», conclut-il.

Les résultats du deuxième trimestre risquent fort de faire ombrage à la superbe embellie boursière de juin. Il faut remonter plus de 12 ans en arrière pour retrouver un aussi bon mois de juin boursier pour les indices américains. Rappelons que l'indice Dow Jones a rallié de 3,93%, le S&P 500 de 3,96% et le NASDAQ de 5,06% durant le mois.

Faut dire que la fin du mois de juin coïncidait avec le sommet européen à Bruxelles durant lequel les dirigeants européens se sont mis d'accord pour utiliser le fonds de sauvetage afin de venir en aide directement aux banques en difficulté et de stabiliser au besoin le marché des obligations des pays qui éprouvent des problèmes à se financer. L'accord a permis aux actions européennes de clore la séance de vendredi dernier à leur plus haut niveau depuis sept semaines.

L'enthousiasme généré par le sommet européen fera maintenant place aux résultats des entreprises.