Presque 14 mois après le dépôt de son offre d'achat de 3,8 milliards de dollars pour le groupe boursier TMX, le consortium tout canadien Maple vient de franchir un pas important vers son objectif: le Bureau de la concurrence du Canada donne sa bénédiction au projet qui créera une structure boursière intégrée et dominante au pays.

Le consortium Maple regroupe 12 institutions financières canadiennes, incluant la Financière Banque Nationale, Desjardins, la Caisse de dépôt et placement du Québec et le Fonds de solidarité FTQ.

La décision du Bureau de la concurrence, annoncée peu avant midi hier, a suivi de quelques heures celle de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario (CVMO), également positive. À la lumière de la décision de la CVMO, «le Bureau de la concurrence n'a pas l'intention de contester les transactions proposées», a indiqué l'organisme.

«C'est indéniablement des morceaux très importants pour le succès de la transaction, a indiqué à La Presse Affaires le vice-président du conseil de la Banque Nationale et président et chef de la direction du consortium Maple, Luc Bertrand. C'est un grand développement. Et nous avons une très grande confiance que nous pourrons respecter notre date butoir du 31 juillet.»

Il reste maintenant aux organismes réglementaires de Colombie-Britannique et d'Alberta de rendre leur décision sur la transaction. L'Autorité des marchés financiers du Québec (AMF) a déjà donné son appui au regroupement de TMX et Alpha, mais elle doit encore rendre son avis final sur l'achat de la chambre de compensation CDS.

Préoccupations atténuées

Maple se propose d'acheter entre 70 et 80% de TMX et de regrouper le Groupe TMX, la Bourse alternative Alpha et la chambre de compensation CDS. La nouvelle organisation contrôlerait ainsi 85% du marché des transactions boursières, d'après Reuters.

En novembre 2011, le Bureau de la concurrence avait fait part à Maple de ses «graves préoccupations». Dans la dernière année, plusieurs courtiers indépendants ont fait part de leurs craintes quant à la création d'un «monopole boursier» pouvant entraîner une hausse des frais de transaction. La Banque Royale, seule grande banque qui ne fait pas partie de Maple, a également manifesté son inquiétude il y a un mois, même si elle approuve la transaction.

Or, le Bureau de la concurrence note que les nouvelles conditions imposées par la CVMO (sur la composition du conseil, de l'actionnariat, ou la fixation des prix) permettent «d'atténuer sensiblement les préoccupations du Bureau à l'égard de la concurrence».

Le titre de TMX (X) a bondi après l'annonce du Bureau de la concurrence. Il a gagné 3,3% dans un marché stable, pour terminer la séance d'hier à 48,41$, s'approchant ainsi du prix de 50$ l'action proposé par Maple. C'est aussi un niveau jamais atteint depuis février 2008.

Le Fonds de solidarité se réjouit

«On semble avoir passé les deux étapes les plus difficiles, s'est réjoui le président-directeur général du Fonds de solidarité FTQ, Yvon Bolduc. On est très contents, parce qu'on a été là dès le jour 1 (avec Maple), selon nos moyens financiers. On a toujours voulu une commission des valeurs mobilières au Québec et une Bourse qui tient sa place. On pense que ça va être un investissement rentable à moyen et long terme. Et peut-être même à court terme.»

La Banque Nationale, Desjardins et la Caisse de dépôt et placement n'ont pas souhaité commenter davantage.

Par ailleurs, Maple a confirmé qu'un dirigeant de GMP Capital, Kevin Sullivan, sera membre du conseil d'administration pour représenter les maisons de courtage indépendantes. Pour respecter les conditions de l'AMF et de la CVMO, voulant qu'au plus 50% des membres du conseil proviennent des membres de Maple, GMP Capital a accepté de se retirer du groupe d'investisseurs.