Le fleuron technologique canadien Research in Motion (T.RIM) supprime 5000 emplois dans le monde et reporte le lancement de la prochaine génération de son téléphone intelligent.

Le fabricant du téléphone BlackBerry espère ainsi économiser 1 milliard de dollars alors que ses pertes se creusent dangereusement.

Le premier trimestre du nouvel exercice s'est soldé par un déficit de 518 millions US, soit presque 1$ US par action. RIM avait prévenu le 29 mai dernier qu'elle s'alignait sur une perte d'exploitation.

Les analystes avaient alors révisé leur cible d'un large bénéfice de 43 cents US par action à une perte de quelques cents seulement, selon le dernier sondage de l'agence Thomson Reuters. Déception.

Le même groupe d'analystes prévoyait une chute des revenus à 3,1 milliards US pour les trois derniers mois d'affaires. Déception ici encore: RIM affiche des recettes de 2,8 milliards US seulement, en chute du tiers par rapport au trimestre précédent. Seulement 7,8 millions de BlackBerry, moitié moins que l'an dernier, et 260 000 tablettes numériques PlayBook ont été écoulés durant le trimestre.

«Je ne suis pas satisfait de ces résultats», a lancé le nouveau président et chef de la direction, Thorsten Heins, qui annonce des mesures énergiques pour redresser la situation, à commencer par l'élimination de 5000 emplois, un peu moins du tiers des effectifs, d'ici le printemps prochain.

Il y aura réduction du management, recours à la sous-traitance et concentration de la production en trois usines plutôt que 10, notamment. Cette restructuration implique des frais exceptionnels de 350 millions pour l'exercice.

Le lancement du nouveau système d'exploitation BlackBerry 10 attendu à l'automne est par ailleurs reporté au premier trimestre de 2013. «L'équipe de développement de RIM est concentrée sur la qualité et la fiabilité de la plateforme et je ne ferai aucun compromis pour livrer le produit avant qu'il ne soit fin prêt», a indiqué M. Heins. Les analystes souhaitaient que le BB10 devance la cinquième génération de l'iPhone d'Apple attendue vers la fin de l'année.

Parallèlement, l'entreprise dit poursuivre «activement» avec ses conseillers financiers l'analyse des meilleurs moyens pour mettre en valeur ses éléments d'actif. La rumeur veut que l'entreprise de Waterloo, en Ontario, puisse scinder ses activités, scénario qui rend toutefois perplexe plus d'un analyste.

«Mais peut-être que RIM doit vraiment se départir des appareils, à n'importe quel prix», note Alexander Peterc, de Exane BNP Paribas. Selon lui, l'absence de prédateur au niveau de prix actuel est «inquiétante pour ne pas dire davantage».

L'entreprise se fait fort par ailleurs d'avoir toujours en caisse plus de 2 milliards de dollars. Elle peut toujours aussi compter sur la fidélité de 78 millions d'abonnés. Cette base, étonnamment stable, compte pour 85% des revenus et génère les marges bénéficiaires les plus élevées.

RIM prévient néanmoins que le trimestre en cours, qui prendra fin en août, sera aussi déficitaire. L'analyste Shaw Wu, de la firme américaine Sterne Agee&Leach, note d'ailleurs que les fournisseurs de RIM ont réduit de manière marquée leurs activités dans l'attente du lancement maintenant retardé du téléphone intelligent BlackBerry 10.

À la Bourse de Toronto, RIM a clôturé en hausse de 2 cents, à 9,46$, dans un marché tout aussi stable. C'était avant l'annonce des résultats.

L'action de RIM a perdu 16%, à 7,71$, au NASDAQ à New York, où les échanges se sont poursuivis après la publication des résultats.

Le fleuron canadien n'est déjà plus que l'ombre de lui-même après avoir dévissé de près de 95% par rapport à son sommet boursier de l'été 2008.

Le titre a abandonné les deux tiers de sa valeur au cours des 12 derniers mois seulement. Il pèse maintenant moins de 5 milliardsen Bourse.