La journée a été difficile pour les actionnaires de Transat jeudi: le voyagiste a terminé le deuxième trimestre avec une perte nette de 13,2 millions de dollars, il ne prévoit plus un retour à la rentabilité cette année et l'action a dégringolé de 8,3% pour clôturer à 4$ à la Bourse de Toronto.

«Cela fait 10 ans que nous suivons l'entreprise, c'est le pire deuxième trimestre que nous voyons, écrit l'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, dans un rapport. Traditionnellement, le deuxième trimestre était le plus fort de toute l'année pour Transat.»

En 2011, le deuxième trimestre s'était soldé par un bénéfice net de 8,7 millions de dollars.

Le président et chef de la direction de Transat [[|ticker sym='T.TRZ.B'|]], Jean-Marc Eustache, a expliqué que les prix s'étaient carrément effondrés au Canada vers le milieu du deuxième trimestre de 2012, ce que le voyagiste n'avait absolument pas prévu.

«Nous avons l'air complètement ridicule aujourd'hui parce que nous avons dit que nos résultats seraient un peu moins bien que l'an passé, a-t-il déclaré au cours d'une conférence téléphonique hier. Pendant que nous disions ça, les prix s'écroulaient complètement.»

Selon M. Eustache, ses concurrents ont paniqué lorsqu'ils ont constaté que les clients n'étaient pas au rendez-vous. Ceux-ci auraient décidé d'attendre à la dernière minute parce qu'ils savaient qu'il y avait surcapacité.

«Nous avons essayé de maintenir les prix, de ne pas suivre la tendance», a déclaré M. Eustache.

Mais en voyant son taux de remplissage baisser, Transat a dû se résoudre à baisser ses prix.

«L'impact a été double: une diminution des prix, une baisse du taux de remplissage, a indiqué M. Eustache. Nous avons peut-être fait une erreur en ne baissant pas les prix plus tôt.»

Cette baisse des prix est arrivée en même temps qu'une hausse des coûts de carburant et des coûts hôteliers, ce qui a eu un impact négatif sur la marge bénéficiaire.

À l'occasion de l'assemblée annuelle, le 15 mars dernier, M. Eustache s'était montré confiant au sujet d'un retour à la rentabilité au cours de l'exercice.

«Ça n'a pas l'air de vouloir se dessiner comme cela, a reconnu le grand patron de Transat hier. Prendre les pertes que nous avons, et transformer tout cela en profits en six mois, ce serait difficile.»

M. Eustache s'est cependant montré combatif. Il a indiqué que Transat poursuivait la mise en place d'un plan visant à retrouver le chemin de la rentabilité. Du côté des coûts, l'entreprise s'est entendue avec les pilotes et les agents de bord d'Air Transat pour reporter en décembre 2015, au plus tard, le paiement des augmentations annuelles prévues au cours des trois prochaines années. Transat est en négociations avec ses machinistes pour conclure une entente semblable.

M. Eustache s'est montré très reconnaissant envers les employés.

«Ça montre qu'ils sont derrière Transat, qu'ils croient en Transat, qu'ils vont se battre jusqu'à la mort pour Transat», a lancé le président de l'entreprise.

Il a semblé optimiste au sujet des mesures prises par Transat pour différencier ses produits, notamment la modernisation de la cabine des appareils d'Air Transat et l'offre de séjours mixtes, comprenant quelques jours sur la plage et quelques jours en ville.

«Je ne suis pas inquiet, a-t-il soutenu. Si je l'étais, à 64 ans, j'aurais pris ma retraite. J'ai beaucoup de plaisir en ce moment.»

Transat est cependant restée prudente au sujet des perspectives pour la deuxième partie de l'année. Le prix du carburant a quelque peu diminué, mais la vigueur de la devise américaine et la faiblesse de l'euro devraient avoir un impact défavorable sur la marge du voyagiste. La situation économique en Europe ne devrait pas non plus faciliter les choses.

Transat a décidé de réduire sa capacité de 4% sur le marché transatlantique de mai à octobre 2012 par rapport à la même période de 2011. Le voyagiste prévoit diminuer de 13% sa capacité sur le marché des destinations soleil.