Deux semaines après l'entrée en Bourse la plus attendue de l'année et la plus importante jamais connue dans l'internet, l'action du géant des réseaux sociaux Facebook (FB) n'en finit pas de reculer.

Au point où les investisseurs se demandent où s'arrêtera la chute.

Mardi, l'action a perdu jusqu'à 4% pour atteindre 25$ au Nasdaq, ce qui est plus de 30% en dessous du prix de lancement de 38$.

«Il est difficile de trouver des arguments pour garder l'action aujourd'hui», remarque Carlos Kirjner, analyste de Bernstein Research, dans une note d'analyse.

M. Kirjner vise un prix de 25$ sur les 12 prochains mois, mais juge qu'un ralentissement des recettes de Facebook pourrait «mettre l'action sous encore plus de pression».

«Il y a des signes réels que Facebook pourrait avoir des problèmes et s'avérer un investissement désastreux», renchérit Oliver Pursche, de Gary Goldberg Financial Services, un gestionnaire de fortune de New York.

«Nous avons conseillé aux gens de ne pas acheter le titre parce que nous ne savions pas et nous ne savons toujours pas comment il était valorisé», précise-t-il.

De très loin le numéro un des réseaux sociaux avec plus de 900 millions de membres, Facebook est entré sur le marché boursier le 18 mai au cours d'une opération ayant permis de lever 16 milliards de dollars, l'une des plus grosses jamais enregistrées aux États-Unis.

La préparation de cette introduction boursière a été entourée d'un enthousiasme rappelant les années de la bulle internet, au point que la principale banque organisatrice a accepté de relever le prix et d'augmenter le nombre d'actions introduites quelques jours avant le lancement boursier.

Mais dès la première journée de cotation, l'action Facebook a dû être soutenue à bout de bras par les banquiers en charge de l'opération, pour clôturer tout juste au dessus de 38$.

Depuis elle n'a cessé de plonger, entraînant des pertes d'environ 4,6 milliards de dollars pour les investisseurs ayant acheté l'action du groupe au logo bleu et blanc.

Les prévisions des analystes vont dans tous les sens, de 10$ à près de 50$ l'action d'ici la fin de l'année.

Des prédictions qui témoignent de l'incertitude sur la capacité de l'entreprise à transformer une audience de près d'un milliard de personnes en revenus, à travers la publicité par exemple.

Le géant de l'internet Google avait lui réussi à le faire par la publicité associée aux mots entrés sur son moteur de recherche.

L'analyste Carlos Kirjner s'attend à ce que «la croissance du chiffre d'affaires de Facebook sur les 12 prochains mois se stabilise au mieux, voire plus probablement décélère».

Outre les questions sur le potentiel du groupe en termes de revenus, M. Pursche souligne que, vu la performance du titre, les gestionnaires de portefeuille n'en veulent probablement pas dans leurs actifs alors qu'ils préparent leurs rapports de performance du deuxième trimestre, qui se termine fin juin.

Pour Trip Chowdhry, de Global Equities Research, le problème est que le prix de l'introduction en Bourse était «totalement inadéquat».

Pour lui, il aurait dû se situer entre 10 et 15$, pas à 38$.

De plus en plus d'analystes commencent à recommander l'achat du titre à mesure qu'il chute et devient bon marché.

Mais MM. Pursche et Chowdhry estiment que la dégringolade du titre pourrait continuer jusqu'à ce que l'entreprise fasse la lumière sur les questions qui se posent encore sur son orientation et ses perspectives de revenus.

«Les investisseurs veulent notamment savoir quel pourcentage actuel du chiffre d'affaires vient des actionnaires actuels, qui comprennent Microsoft et le fabricant de jeux vidéos en ligne Zynga», note M. Chowdhry.