Où la dégringolade du prix de l'action de la Banque Royale (T.RY) s'arrêtera-t-elle? C'est la question que se posent sûrement les actionnaires de la plus grande banque canadienne, dont le cours a chuté de plus de 11% durant le mois de mai seulement.

Bien que ce recul s'intègre dans une phase de correction de l'ensemble du secteur bancaire canadien, deux facteurs inquiètent particulièrement Dennis Mark, analyste technique à la Financière Banque Nationale. D'abord, l'action de la Royale vient d'enfoncer sa moyenne mobile de 200 jours qui se situe à 51,50$.

«Il s'agit d'un niveau de support à moyen terme très important qui cède», dit-il. Au-dessous de ce prix, les supports suivants se situent d'abord à 48$, et ensuite à 44$.

Mais aussi, l'analyste de la Financière note que les ventes par les détenteurs américains des actions de la Banque Royale s'intensifient. «Cela rendra plus ardue toute tentative de remontée au-dessus des niveaux récents, du moins pour l'instant», dit-il.

Résultats

La semaine dernière, la banque a annoncé ses résultats pour le deuxième trimestre. Ils ont été quelque peu en deçà des attentes. Les profits par action de 1,16$ ont été légèrement supérieurs à ceux de 1,10$ du même trimestre de l'année précédente, mais inférieurs à ceux du premier trimestre de cette année qui avaient été de 1,25$.

Bien qu'il ait prévu que les profits par action atteindraient 1,22$, Peter Routledge, analyste des banques à la Financière Banque Nationale, estime qu'il s'agit quand même de bons résultats.

«Qu'une banque qui a 800 milliards d'actifs réussisse à croître ses profits de 5% comparativement à l'année précédente n'est quand même pas mauvais», dit-il.

C'est le contexte macroéconomique mondial qui a actuellement un impact sur le cours de l'action de la Banque Royale, croit M. Routledge. «L'attention des investisseurs se porte surtout sur la situation en Europe et ses implications pour la Banque Royale», dit-il.

Des banques canadiennes, c'est la Banque Royale qui a les opérations sur les marchés des capitaux les plus importantes, et la plus forte exposition en Europe. Actuellement, elle détient des positions de contreparties avec des institutions européennes totalisant 39,5 milliards de dollars. «Cela la rend plus vulnérable devant une dislocation du système financier mondial», dit Peter Routledge.

Les investisseurs semblent craindre une nouvelle période chaotique en Europe, note Carole Berthiaume, gestionnaire de portefeuilles chez Fiera Capital. «La chute du prix de l'action de la Banque Royale est d'abord le reflet de cette incertitude», dit-elle.

La Banque Royale tiendra d'ailleurs vendredi une réunion d'information pour les investisseurs et les analystes. Le coeur de cet entretien portera sur ses activités sur les marchés des capitaux.

Les activités canadiennes

Le secteur bancaire, et principalement la Banque Royale parce qu'elle est la plus grande banque, souffre également de la perception que le secteur immobilier canadien pourrait bientôt connaître des jours difficiles, explique Jean Duguay, chef des placements pour le Groupe Eterna.

Depuis quelques mois, des présidents de banques canadiennes et le gouverneur de la Banque du Canada rappellent fréquemment que l'endettement des ménages canadiens atteint des niveaux inquiétants pour la bonne marche de l'économie.

«Cela risque de retenir les titres des banques pendant un certain temps», dit M. Duguay.

Les médias ne cessent de raviver les craintes envers le secteur immobilier canadien, note Carole Berthiaume. «Cela affecte négativement le sentiment envers les titres bancaires», dit-elle.

Quand alors le moment sera-t-il propice pour acheter les actions de la Banque Royale? À 50$, soit le cours actuel, l'évaluation boursière est attrayante pour les investisseurs à long terme, croit Jean Duguay. «C'est à peine plus de 10 fois les bénéfices prévus en 2012, et le rendement du dividende est de 4,5%», dit-il.

À la suite des derniers résultats, Peter Routledge a abaissé son cours cible de 62$ à 60$. Il croit que 45$ serait un bon point d'entrée.