À quelques heures d'un sommet informel de l'Union européenne à Bruxelles, la crainte de voir sortir la Grèce de la zone euro a entraîné mercredi matin une baisse nette des Bourses européennes et de la monnaie unique.

Après une ouverture en recul significatif sur toutes les places européennes, la tendance se confirmait dans la matinée. Vers 6h30 (heure de Montréal), Paris perdait ainsi 1,95%, Londres 1,81%, Francfort 1,64%, Milan 2,73% et Madrid 1,36%.

L'optimisme affiché la veille sur la capacité des dirigeants européens à trouver une solution pour remettre l'Union européenne sur la voie de la croissance, a en effet calé mercredi matin.

En cause, les déclarations mardi soir de l'ancien Premier ministre grec Lucas Papademos affirmant que «le risque que la Grèce quitte l'euro (était) réel» qui ont fait ressurgir toutes les anxiétés suscitées par le pays à l'origine de la crise de la dette et actuellement dans une situation de forte incertitude politique du fait de l'absence de majorité à l'issue des législatives du 6 mai.

La monnaie européenne a été la première à faire les frais de ce pessimisme, l'euro accusant le coup face au dollar. Tôt ce matin, l'euro valait 1,2641 dollar contre 1,2684 dollar mardi soir.

Les Bourses asiatiques, Tokyo en tête, ont également été touchées par l'inquiétude d'un énième rebondissement de la crise de la dette. La Bourse de Tokyo a ainsi terminé en baisse de 1,98%, le yen subissant également le contrecoup des mauvaises nouvelles sur le front grec.

À l'approche du sommet européen dans la soirée, les investisseurs semblent en effet douter de plus en plus de l'émergence de mesures concrètes, au vu des divergences toujours importantes entre la France et l'Allemagne, en particulier sur la création d'euro-obligations auxquelles l'Allemagne reste farouchement opposée.

«Les risques de déception à l'issue de ce sommet sont significatifs», ont souligné les analystes du Crédit Agricole.

«Je ne pense pas que ce qui ressortira du sommet européen sera en mesure de changer profondément la situation de la Grèce ou de l'Espagne», a déclaré de son côté Junichi Ishiwaka, cambiste chez IG Market Securities à Tokyo.

«Le risque de défaut total d'Athènes et des entreprises grecques ainsi que les effets de contagions potentiels à l'ensemble du système bancaire de la zone euro sont importants. In fine, il en va de la survie même de la zone euro», a estimé pour sa part le courtier Aurel.

Mercredi matin, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a d'ailleurs réaffirmé son opposition aux euro-obligations. «Tant qu'un pays mène sa propre politique budgétaire, il est exclu de mettre en commun la garantie pour les obligations», a-t-il dit, estimant que cela n'inciterait pas à la discipline, dans une interview à la radio locale allemande NDR.

Sur le marché obligataire une tension se faisait également sentir sur les taux d'emprunt des pays les plus fragiles de la zone euro, à savoir l'Espagne et l'Italie. À l'inverse les taux baissaient pour l'Allemagne et la France.