L'entreprise américaine qui est propriétaire de la marque québécoise de café Van Houtte depuis deux ans a subi une raclée en Bourse, hier, après l'annonce de résultats trimestriels inférieurs aux attentes.

Établie au Vermont, Green Mountain Coffee Roasters [[|ticker sym='GMCR'|]] a vu ses actions perdre près la moitié de leur valeur en quelques heures sur la bourse Nasdaq après qu'elle eut annoncé des revenus en croissance moindre que prévu, suscitant un doute considérable sur la suite de son plan d'affaires.

Ses actions ont terminé en baisse de 47% à 25,87$US, leur prix le plus bas depuis presque deux ans. Cette dégringolade a retranché 3,6 milliards à la capitalisation de Green Mountain.

Selon ses dirigeants, l'écart des revenus découle de la difficulté croissante d'obtenir des prévisions de ventes de la part des principaux distributeurs et détaillants de produits Green Mountain en raison de la vive concurrence dans ce marché.

Mais parmi les analystes et les investisseurs, cette explication a été perçue comme la confirmation de doutes déjà énoncés envers la continuité de la forte croissance de l'entreprise.

Depuis trois ans, Green Mountain a plus que triplé son chiffre d'affaires à 2,6 milliards l'an dernier, de même que son bénéfice net qui a frôlé les 200 millions.

Dans les résultats trimestriels divulgués mercredi soir, le bénéfice net était en hausse encore notable de 43% alors que les revenus ont crû de 37% pour atteindre 885 millions.

Or, c'est à 970 millions en revenus trimestriels auxquels s'attendaient les analystes et les investisseurs boursiers, selon les avis antérieurs des dirigeants de Green Mountain. Il n'en fallait pas plus faire dégringoler ses actions, d'autant que la perception de l'entreprise en Bourse était fragilisée depuis un certain temps.

Des analystes ont déjà suggéré une croissance ralentie par l'émergence de concurrents dans le marché du café en capsules, de même que l'échéance prochaine de brevets du système «K-Cup» qui est au coeur du modèle d'affaires de Green Mountain.

C'est d'ailleurs l'association de Van Houtte à ce système K-Cup il y a quelques années, à titre de sous-traitant au Canada, qui a mené à son acquisition par Green Mountain à l'automne 2010.

Cette transaction de 910 millionsUS a eu lieu entre firmes américaines; l'ex-propriétaire de Van Houtte étant la société d'investissement Littlejohn.

Avec un nouveau propriétaire en plein essor dans le marché du café, Van Houtte a profité d'un élan de croissance dans ses capacités de production et de commercialisation. Cet élan risque-t-il maintenant d'être compromis par les déboires boursiers de Green Mountain?

À la direction de Van Houtte à Montréal, hier, on semblait peu inquiet de la situation. «C'est business as usual en ce qui nous concerne», a indiqué le chef des opérations, Sylvain Toutant, dans un bref message texte relayé à La Presse Affaires, alors qu'il était en réunion de gestion.

Ironiquement, les déboires boursiers de Green Mountain surviennent quelques mois à peine après que sa filiale québécoise eut changé son nom de Van Houtte à GMCR Canada.

Depuis décembre dernier, l'appellation Van Houtte est une marque de commerce et une enseigne de boutiques parmi d'autres chez GMCR Canada.

Cette filiale se décrit comme une entreprise de café qui emploie quelque 1700 personnes et exploite trois usines de torréfaction et d'emballage, dont deux à Montréal et une à Toronto.

En plus de Van Houtte, ses autres marques comprennent la chaîne de comptoirs-café Timothy's World Coffee ainsi que les produits Keurig, Green Mountain et Café Escapes.