Bien qu'il demeure le plus petit de ses fonds spécialisés, la Caisse de dépôt a néanmoins 3 milliards d'investis dans les hedge funds actuellement.

Ce n'est qu'à peine 2% des investissements totaux de la Caisse. Mais d'ici quelques années, ce pourrait bien être 5%, 6%, voire 7% des actifs du bas de laine des Québécois qui sera investi dans les stratégies alternatives, explique Mario Therrien, directeur de ce segment d'affaires à la Caisse.

L'argent de la Caisse est confié à une trentaine de gestionnaires dans le monde, à raison de 75 à 125 millions chacun. Il n'y a pas de limite à la répartition géographique de ces placements. «Partout où un avion se rend, nous sommes prêts à étudier les occasions d'affaires qui s'y présentent», dit Mario Therrien.

Les stratégies de placements que la Caisse recherche visent une durée de vie de trois à cinq ans. Elle cherche les gestionnaires habiles à déceler les tendances nouvelles des Bourses, des taux d'intérêt, des devises et des enjeux macroéconomiques des différents pays.

Elle recherche également les gestionnaires qui offrent des stratégies en actions non directionnelles, c'est-à-dire celles dont les résultats démontrent une faible sensibilité à la direction du marché. On veut réaliser un rendement positif, peu importe que la Bourse monte ou baisse.

De plus, la Caisse mise beaucoup en Europe sur les occasions que créent les actifs en détresse. La crise financière qui a frappé l'Europe a placé beaucoup d'entreprises et d'institutions en difficulté financière. Des hedge funds se spécialisent dans l'achat de ces crédits en détresse et dans le redressement de ces situations. La Caisse cherche les hedge funds qui sont habiles à effectuer ces redressements.

Pour un investisseur comme la Caisse, la sélection des gestionnaires est le facteur déterminant du succès. Les attributs qu'ils doivent offrir sont la profondeur et l'historique de leurs opérations, leur expérience de survie à au moins deux grands cycles d'investissement et, bien sûr, l'intégrité et la crédibilité. C'est à cet égard que Mario Therrien croit à l'importance du rôle du Hedge Funds Standards Board, dont il est l'un des fiduciaires. «Nous sommes allergiques au risque de réputation», dit-il.

Pourquoi les hedge funds?

L'attrait des hedge funds réside dans plusieurs facteurs. D'abord, les gestionnaires jouissent d'un degré de liberté élevé quant à leurs opérations, ce qui leur permet de profiter plus aisément des occasions qui se présentent. De plus, l'objectif des hedge funds est le rendement absolu, c'est-à-dire qu'ils cherchent à obtenir un rendement positif peu importe les conditions de marché. Enfin, ils utilisent un effet de levier, ce qui constitue un atout non négligeable lorsque utilisé à bon escient.

La Caisse n'est pas le seul grand fonds à être présent dans les hedge funds. Plusieurs caisses de retraite de sociétés importantes gérées au Québec ont des investissements importants dans des hedge funds, soit la caisse du CN, d'Hydro-Québec, de BCE, d'Air Canada, ainsi que de grandes fondations telles McGill et Chagnon, pour ne nommer que ceux-là.