Le projet de mainmise sur le groupe boursier TMX de Toronto par le consortium financier Maple marque des points avec l'obtention d'un avis favorable de la part de l'Autorité des marchés financiers du Québec (AMF).

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Toutefois, la partie n'est pas encore gagnée devant les autres autorités réglementaires en Ontario et à Ottawa, qui doivent aussi autoriser ce projet d'achat évalué à 3,8 milliards de dollars.

Jeudi encore, alors que l'AMF a annoncé son «intention de donner son accord à la transaction proposée» après avoir convenu de nouvelles conditions avec Maple et TMX, sa vis-à-vis ontarienne, la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario (CVMO), a informé Maple qu'elle préparait une autre liste de considérations qu'elle soumettrait à un examen public de 30 jours avant de rendre sa décision.

Pendant ce temps, Maple et TMX attendent aussi un avis incontournable du Bureau fédéral de la concurrence après que ce dernier eut fait part, il y a quelques semaines, de «préoccupations sérieuses» envers la transaction proposée.

L'autorisation du Bureau est requise en raison de l'impact potentiellement considérable sur les marchés financiers d'une mainmise sur la plus importante entreprise boursière au Canada par un groupe de 13 des plus grosses institutions financières et caisses de retraite au pays.

Le principal dirigeant du consortium Maple, le financier montréalais Luc Bertrand, demeure optimiste et confiant envers la poursuite des ambitions de son groupe envers TMX. Et ce, même si Maple a admis hier que ses participants devront prolonger leurs ententes contractuelles au-delà de leur échéance initiale du 30 avril prochain.

En entretien avec La Presse Affaires, Luc Bertrand a soutenu que l'avis de la CVMO ne devait pas être perçu comme un autre obstacle, mais plutôt une étape préparatoire vers une autorisation qui viendrait sous peu.

«Nous avons une bonne idée des nuances encore à raffiner dans notre proposition afin d'obtenir une ordonnance finale», a dit M. Bertrand.

Par ailleurs, le feu vert obtenu de l'AMF québécoise est «une étape très importante et positive». Et ce, malgré les quelques conditions ajoutées en ce qui concerne la continuité de la Bourse de Montréal comme pôle des produits dérivés au Canada.

Entre autres, l'AMF a obtenu la création d'un «comité des produits dérivés» au sein du conseil d'administration de Maple, après son achat de TMX, afin de veiller aux intérêts de Montréal dans l'avenir boursier au Canada.

Pour le PDG de l'AMF, Mario Albert, «les conditions auxquelles Maple devra se soumettre nous permettront d'exercer pleinement notre rôle et d'assumer nos responsabilités de régulateur, tout en lui accordant le pouvoir de mener ses opérations de manière efficiente».

Pour sa part, le patron gouvernemental de l'AMF, le ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand, a déclaré: «Le projet de Maple, en accord avec les engagements exigés par l'Autorité, respecte nos priorités de faire de Montréal un centre financier spécialisé [...] dans les produits dérivés. Il nous donne les garanties nécessaires à cet effet.»

Le maintien et le développement de la Bourse de Montréal comme carrefour prioritaire des produits dérivés au Canada avaient été les principaux points de discussion des intervenants de la finance montréalaise au cours des audiences publiques spéciales tenues par l'AMF, en novembre dernier.

En attendant la suite des ambitions de Maple, devant la CVMO et le Bureau fédéral de la concurrence, l'optimisme manifesté par son directeur, Luc Bertrand, semblait partagé hier par les investisseurs en actions du groupe TMX.

Après des mois de léthargie, les actions de TMX ont bondi jeudi de 4% peu après l'annonce des avis de l'AMF et de la CVMO.

Elles ont terminé en hausse moins prononcée de 3%, à 45,09$, ce qui est leur niveau parmi les plus élevés depuis un an et plus rapprochés de la valeur de 50$ l'action attribuée à l'offre d'achat de Maple.

Au Québec, Maple comprend la Caisse de dépôt et placement, la Financière Banque Nationale, le Mouvement Desjardins et le Fonds de solidarité FTQ.

Le principal coordonnateur de Maple, Luc Bertrand, est aussi un haut dirigeant de la Banque Nationale et un ex-président de la Bourse de Montréal.